Positive Leadership

[FR] Favoriser la passion et l’innovation (avec Clara Gaymard, cofondatrice de RAISE)

October 12, 2021 Jean-Philippe Courtois Season 1
Positive Leadership
[FR] Favoriser la passion et l’innovation (avec Clara Gaymard, cofondatrice de RAISE)
Show Notes Transcript

D’origine franco-danoise, Clara a géré des accords commerciaux gigantesques, neuf enfants et des milliers d'employés. Aujourd'hui, elle est cofondatrice de RAISE et du mouvement pour une économie bienveillante. Dans ce podcast, Jean-Philippe partage avec nous l'inspirante histoire de Clara Gaymard, femme entrepreneur qui « n'a jamais su ce qu'elle voulait faire quand elle serait grande ».

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JEAN-PHILIPPE : Bonjour à toutes et à tous et très heureux de retrouver sur mon podcast et vous accueillir pour la première fois. C’est un podcast de leadership positif. Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir une très belle personne qui sourit, qui est face à moi et c’est quelqu’un qui a une origine franco-danoise. Elle a évolué dans des multiples vies. Aujourd’hui encore, que ce soit au cœur de notre nation, de l’Etat, que ce soit dans des postes de leadership dans des grandes entreprises internationales, et aussi au conseil d’administration des quatre grandes sociétés du CAC40. Danone, Veolia, LVMH, Bouygues, elle est surtout co-fondatrice de RAISE depuis sept ans et du mouvement pour une économie bienveillante. Donc j’ai le grand plaisir d’accueillir Clara Gaymard. 

CLARA: Bonjour Jean-Philippe!

 JEAN-PHILIPPE : Bonjour Clara! Et qui pour moi incarne réellement ce qui est ce leadership positif, donc, très heureux de passer ce moment avec toi, Clara. 

Nous avons l’occasion de nous rencontrer dans nos vies respectives, différents endroits, différents moments et… 

CLARA : Un peu partout sur la planète, d’ailleurs. 

JEAN-PHILIPPE : Un peu partout sur la planète aussi et je t’ai invité parce que je trouve, bien sûr, ton parcours remarquable inspirant et surtout ce que tu représentes : ta personnalité, ton regard sur le monde et ton action surtout sur le monde qui, pour moi, font de toi un leader, une leader positive, plus qu’à part entière, un exemple, je pense, pour beaucoup de nos auditeurs qui écoutent des leaders inspirants. Merci d’être avec nous aujourd’hui pour partager ce moment.  

CLARA : Merci Jean-Philippe.  

JEAN-PHILIPPE : Donc tu te rappelles, parce que ta vie, elle est très longue…

CLARA : Je suis âgée maintenant, je vieillis, tu me rappelles …

JEAN-PHILIPPE : Non, non! 

CLARA : Tu me rappelles que les années passent…  

JEAN-PHILIPPE : Très intense, tu fais plein de choses, dont après avoir fait l’ENA tu démarres au cœur du secteur public, tu vas jusqu’à diriger l’agence d’investissement du pays, donc vraiment au cœur des intérêts publics et donc de la nation, et puis après tu diriges GII France, donc une des plus grandes entreprises industrielles de la planète, tu deviennes aussi le leader des activités globales internationales de ce group. Et puis plus récemment tu t’es décidée de t’impliquer d’une manière très forte dans un entreprenariat différent. Un entreprenariat qui mêle la philanthropie et l’esprit d’entreprise avec un modèle de croissance fondé sur la bienveillance et donc on va parler de tout ça et dans le même temps, toi et votre mari, vous avez élevé neufs enfants. Wow, ça c’est, c’est quelque chose qui pour moi est quelque chose d’incroyable et donc je souhaitais peut être de démarrer avec toi sur quelque chose que tu appelles ta fondation, moi, en tout cas, c’est ma fondation, la famille et sachant que tu as écrit aussi sur ta famille. Tu as écrit sur ton père, à la fois pour immortaliser le respect, l’admiration que tu as et qu’on devrait avoir tous pour ce qui a fait Gérôme Lejeune en termes de recherches scientifiques, découvert la trisomie et du syndrome de Dawn, euh, mais aussi, plus récemment, les échanges avec l’une de tes filles, Bérénice et dans lesquels il y a les perspectives croisées des deux générations finalement qui voit le monde et qui essaient de concilier ces deux perspectives. Et un jour, je crois, pour finir, tu as dit, être papa, être maman, c’est la meilleure école pour devenir manager. Donc, quand on élève enfant, on s’est un peu rodé à l’exercice, ma question, pour toi, Clara, quelles sont, selon toi, ces qualités uniques que tu as développées en tant que parents finalement ? Et aussi, je n’ai pas dire accessoirement en tant que leader des grandes organisations dans ta vie ?  

CLARA : Oui, j’ai dit cette phrase que j’ai répété souvent, parce que je suis très souvent agacée par le fait qu’on oppose la vie familiale et la vie professionnelle. Euh… c’est sûr que, après il y a la question de la gestion de l’emploi du temps, mais d’une certaine manière c’est secondaire parce que finalement, bien gérer son temps c’est savoir gérer ses priorités. Et quand on est parent ou quand on est responsable d’autre que soi, on apprend justement à ne pas se mettre soit au centre de sa vie, mais de mettre le projet quand c’est une entreprise ou la famille au cœur de la façon dont on va vivre. Et puis la façon dont on traite pratique que pratique, parce que moi, je suis une terrienne, donc très concrète, même si je suis rêveuse à la fois. D’être parent, ça t’apprend plein de choses qui sont absolument indispensables pour la vie d’une entreprise et dont je vais en donner quelques exemples : quand tu es parent et tu organises du mois de janvier la façon dont les enfants vont passer leurs vacances d’été, les stages d’été, les colonies et tout ça, tu apprends à anticiper  

JEAN-PHILIPPE : C’est clair.  

CLARA : qui est une vertu essentielle quand tu es un leader. Quand tu as ton enfant de deux ans qui vient te voir et dire : “J’ai mal aux dents” et en fait, c’est parce qu’il a mal au cœur, tu sais que tu es dans l’entreprise parce qu’on est tous des enfants même quand on est adulte. On ne dit pas forcement exactement 

JEAN-PHILIPPE : Où ça fait mal.  

CLARA : Où ça fait mal et ça t’apprends à poser une question, une deuxième question, une troisième question et être à l’écoute sans faire forcement attention simplement aux mots, mais à ce qui est derrière les mots. Quand tu es manager, très, très souvent, c’est ce qui se passe. Il y a des incompréhensions dans des équipes, ou des gens qui sont malheureux, c’est parce que la façon dont ils expriment leur mal-être ou leur malaise n’est pas la vérité. Et donc il faut chercher derrière les mots, poser des questions sans être intrusif, bien sûr, ce n’est pas la question, pour essayer de comprendre d’où vient le problème, parce que très souvent ce qu’on vient t’exposer comme un problème ce n’est pas le cœur du problème, il est ailleurs.  

JEAN-PHILIPPE : Il est ailleurs. Il faut creuser.  

CLARA : Il faut creuser. Quand tu as un enfant malade, ce n’est rien de pire que d’avoir un enfant malade ou devoir aller à l’hôpital, tu apprends à être zen, parce que l’enfant a besoin que tu gardes ton calme, que tu gardes le sourire, à prendre sur toi. Et quand une entreprise ne va pas bien, d’avoir un capitaine qui non pas panique, ou se met en colère, ou exprime son anxiété, mais au contraire, dit, comme nous l’avais appris 6.28 [PH 00:06:28] Jeff. E. Meld, le patron de [PH 00:06:30] JIK the Company Safe, voilà. Donc je vous garde en sécurité, je ne sais pas forcement où est-ce qu’on va mais on va ensemble et euh…ça ne va pas dire que je sais ce qui va se passer, je ne veux pas dire que je comprends ce qui se passe, mais je suis avec vous et on y va ensemble, ensemble on sera en sécurité et c’est extrêmement important. Aussi, cette capacité d’écoute, de la différence. Quand on a des enfants, quand on a une famille, ils ont des âges différents, ils ont des besoins différents, ils sont extrêmement différents les uns des autres et ça t’apprend une chose essentielle qui est l’humilité, l’humour. Vue que d’abord tout vouloir organiser d’une façon parfaite, la vie déborde, ce n’est jamais parfait. Moi, j’avais beau et tout préparé le matin la veille le soir pour partir à l’école, pour que cela se passe bien, il y a toujours quelqu’un qui a perdu sa chaussure, l’autre qui a renversé du lait, l’autre qui avait oublié son cartable sur la route etc. T’apprends tout simplement une chose qui est, à mon avis, essentielle quand tu es dirigeant, ce que les emmerdes, ça fait partie de la vie et que finalement, on se met à aimer les emmerdes parce qu’on essaye de trouver des solutions. Je pense que quand on est entrepreneur, finalement, ce qu’on aime, c’est de trouver des solutions, voilà. On aime l’adversité, sinon, on ne peut pas être entrepreneur. Donc, tout ça c’est des exemple tout simples, mais qui montrent que quand on aime la vie par-dessous tout et certes, on essaye de l’organiser comme on peut, finalement, on apprend dans sa vie personnelle des qualités qui sont essentielles dans la vie professionnelle et inversement, d’ailleurs. Et que…moi, j’ai toujours eu à cœur de recruter des…de jamais me dire, tiens, un homme ou une femme à quatre, cinq enfants, il n’arrivera pas, pas du tout, au contraire, c’est une source de force et des capacités à prendre la vie comme elle est et non pas comme on voudrait qu’elle soit et qui à mon avis, est essentiel.  

JEAN-PHILIPPE : C’est un super démarrage pour la discussion, Clara, parce que là, je trouve dans ce que tu dis, plein d’éléments effectivement du vécu d’un leader positif. Pour revenir un petit peu à la thématique, quand tu parles d’anticiper, d’être à l’écoute profonde de l’être d’homme. Ce n’est pas la première, la deuxième, la cinquième, la dixième question que collectée pour comprendre là où il a mal. Garder cette humilité en permanence, l’humour et aimer les emmerdes comme tu dis, ça, je trouve que c’est vraiment une belle définition un petit peu de ce qu’on vit. Alors, il y a un point intéressant aussi que j’ai pu aborder lors des discussions des précédents podcasts, psychologue qui écrit des livres sur les différents sujets autours de la psychologie positive, docteur Tang. En fait, je lui ai parlé, parce qu’on avait un podcast et évidemment, on a échangé aussi, le challenge qui j’avais aussi, de coacher mes filles, finalement. Et elle m’a dit au moment donné : « Jean-Philippe, pense à ta famille comme à une équipe, comme si tu étais au travail, dans ton job ». Compte tenu de ce que tu viens de dire, finalement, Clara, est-ce que tu as apporterais ce même conseil, c’est à dire finalement, en rétroaction tu as parlé de ta famille, après comment ça sert dans le cas d’une activité professionnelle et dans l’autre sens que tu fais dans le travail, est-ce que ça peut servir dans certaine manière dans la manière dont tu vas écouter, coacher les tiens, quoi, finalement ? 

CLARA : Alors, oui, mais peut être pour répondre d’abord à ce que dit Tang, c’est plus qu’une équipe, mais moi, le sentiment que j’ai, c’est que euh… nos enfants sont nos coaches. C’est l’inverse et tout particulièrement dans cette époque. Parce qu’avec l’émergence du digital, avec l’émergence des nouvelles technologies, je ne dirais pas qu’ils comprennent mieux mais ils appréhendent mieux le monde du demain que nous. Et c’est d’ailleurs, tu as parlé du livre que j’ai écrit avec Bérénice, on y reviendra certainement, mais la raison pour laquelle j’ai eu envie d’écrire ce livre, c’était parce que je pense que nous sommes la première génération où nous devons être les élèves de nos enfants pour une grande partie du monde qui vient. Parce qu’ils savent des chose ou ils ont l’intuition des choses que nous n’avons pas. C’est eux qui sont venus d’abord sur l’environnement et bien avant et pas simplement Greta Thunberg mais moi, c’est eux qui m’ont éduqué il y a déjà une dizaine d’années à une sorte d’attention à l’environnement, à une sobriété heureuse, même si j’ai lu beaucoup de livres après là-dessus, ça c’est la première chose. Dans l’entreprise, quand on est dirigeant, la première chose qu’on fait c’est de recruter des gens qui savent faire des choses que vous ne savez pas faire, et donc on est à l’écoute de l’expertise des gens qui sont autour de nous. Donc ça, je pense que c’est une valeur extrêmement importante qui est d’avoir une équipe, mais on n’est pas seulement le chef d’équipe. Moi, la compréhension que j’ai, on en parle souvent avec mon associé Gonzague de Blignières, c’est que nous, on est là pour que ça arrive. Comme on dit en anglais, to make it happen. Le talent d’un entrepreneur, c’est ça. Donc, de trouver les compétences, les gens, enfin, faire monter la mayonnaise, tu vois. C’est ça, notre talent, ce n’est pas avoir à tout faire, de toute façon, on ne sait pas tout faire, mais le talent d’un entrepreneur c’est de trouver… de mettre ensemble la bonne équipe, justement, l’environnement, le contexte, la stimulation, qui va faire que le projet va émerger et le projet va naître. C’est pour ça que tout ce que tu essaies de développer, sur le leadership positif est essentiel, parce que tout le monde est une pièce-maîtresse de ce dispositif. Il n’y a pas une personne qui est plus importante que l’autre. C’est exactement comme dans la nature, le brin d’herbe est aussi important que le grand arbre. Donc, on est dans cette quête d’harmonie, et moi au fond, ce qui m’intéresse dans la vie, dans la vie professionnelle, comme dans la vie familiale ou amicale, c’est cette quête d’harmonie qui fait qu’est émouvante, parce que la vie bouge, qu’il faut tout le temps récréer, parce qu’on avance dans le désordre, c’est toujours chaotique, mais on doit en permanence retrouver cette harmonie qui fait que chacun trouve sa place et peut s’épanouir pleinement.  

JEAN-PHILIPPE : C’est euh… je pense que c’est la réalité qu’on vit tous, de redéfinir cette harmonie Clara et c’est tellement dur et je me demande si l’un de ces secrets finalement c’est tes origines danoises, parce que j’ai eu l’occasion il y a quelques années de rencontrer quelqu’un que tu connais sans doute, je ne sais pas si tu l’as rencontré, c’est une danoise…. 

CLARA : Oui, je la connais très bien, j’ai deviné que c’était elle dont tu allais parler.  

JEAN-PHILIPPE : C’est Malene Ridahl, parce que j’avais lu son livre, ça m’avait intrigué, « Heureux comme un Danois ». Dans lequel finalement elle partage les 10 clés du bonheur. Alors, je n’ai pas ignoré les dix, mais elle dit des choses comme « je peux devenir qui je veux » ou « je vais mieux si tu vas bien » et plein d’autres. Alors, d’où te vient cette énergie positive, cet optimisme, est-ce que c’est cette racine danoise qui est le petit secret de famille ou il y a autre chose aussi ?  

CLARA : Alors, je pense que c’est…tu me dois une chose importante pour moi, parce que c’est vrai, je me sens fondamentalement très danoise, très française aussi, mais très danoise, et je pense qu’une chose qui est essentielle dans la culture danoise c’est la simplicité. C’est à dire que dans la culture française il y a une chose qui me dérange toujours, c’est d’être obsédé par le regard de l’autre. Quand tu vas au Danemark, les maisons n’ont pas de barrière, d’abord parce qu’il faut prendre toute la lumière, les gens ont des baies-vitrées, ils n’ont pas de rideaux… 

JEAN-PHILIPPE : Tout est ouvert.  

CLARA: Tout est ouvert et si toi, tu regardes, c’est toi qui es intrusif. Quand tu es chez toi, tu vis comme tu veux et tu ne te préoccupes pas du regard de l’autre, alors que nous, on passe notre temps à se cacher, à se calfeutrer et à avoir peur du jugement d’autrui. C’est vrai que ne pas à avoir…puis, par mon père qui était … vilipendait, insultait etc., ça m’a appris à ne pas me soucier du regard de l’autre. Cette simplicité-là, ça t’aide énormément dans l’existence parce que tu fais les choses parce que tu les crois et tu sais que de toute façon, quoi que tu fasses, tu auras toujours des gens qui te critiqueront.

Alors après, les critiques, c’est toujours intéressant de les écouter, parce que… 

JEAN-PHILIPPE : On apprend des fois. 

Parce qu’on apprend des critiques, mais moi, les critiques des proches m’importent, des critiques du grand monde qui ne sait pas qui je suis et qui me juge, franchement, de façon superficielle, euh…Ok, c’est leur problème. S’ils ont envie, je ne vais pas les en empêcher, mais je ne vais pas m’empêcher de vivre parce qu’ils voudraient que moi, je sois différente. Donc, cette approche-là, danoise, elle est très importante. Et puis, il y a aussi, la simplicité, il y a une anecdote qui je raconte souvent parce qu’elle me semble extrêmement éclairante, c’est aussi d’apprendre qu’il n’a pas une manière d’être et il n’y a pas une vérité. Moi, quand j’emmenais mes enfants chez ma belle-mère, quand on passe à table, on s’habille, l’été, parce qu’il faut être habillé à table. 

JEAN-PHILIPPE : On est en maillot de bain ou en shorts… 

CLARA : Voilà, exactement, on met une chemise ou on ne va pas prendre son repas torse nu. Quand on était au Danemark chez ma mère, les enfants, on les mettait torse nu et en maillot de bain pour ne pas avoir du lessive, parce qu’on n’avait pas de machine à laver et donc, comme il fallait laver la machine, et donc si les enfants, ils allaient se baigner dans la mer et on les laver dans la mer, et donc les deux sont bien. Il n’y a pas de…  

JEAN-PHILIPPE : Il n’y a pas de meilleur modèle.  

CLARA : Il n’y a pas de meilleur modèle. La seule chose, ce que ça apprend aux enfants à s’adapter aux milieu dans lequel ils sont et de se dire que là, on se met torse nu, et là on s’habille quand on passe à table.  

JEAN-PHILIPPE : Donc on sait s’adapter aux environnements très différents. En tout cas, j’ai retenu la simplicité danoise et ne pas être obsédé par le regard de l’autre.  

CLARA : Et puis, il y a aussi une chose qui est très importante dans la culture danoise, c’est qu’on se réjouit des petites choses. Par exemple, le matin, avec mon mari, on prend toujours le petit déjeuner dehors et on allume une bougie. Et quand on allume une bougie, c’est la manière de célébrer l’instant. C’est tout bête, mais c’est se réjouir de ce moment où tu es dehors même en plein hiver, quand il fait très froid, et tu prends ton petit déjeuner, c’est le début de la journée et tu t’émerveille de cet instant-là. Donc, dans la culture danoise, on appelle ça le hygge, c’est ce moment où on est tous ensemble, on est ensemble, on est un peu calfeutré dans l’amour qui nous uni, mais dans les choses extrêmement simples.  

JEAN-PHILIPPE : J’adore ça, Clara, la simplicité, la vertu de cette simplicité partagé aussi ensemble. Alors, ça me fait penser aussi à une discussion que j’ai eu avec un autre invité qui s’appelle [PH 00:17:32] Mogolat. Mo est quelqu’un qui à la fois avait travaillé chez Microsoft, chez Google, qui a écrit un livre sur finalement une formule de la joie, du bonheur. Tu sais que c’est une formule recherchée.  

CLARA : Oui. Si on avait l’équation mathématique, ça serait formidable.  

JEAN-PHILIPPE : Oui. Il se trouve que c’est un ingénieur justement, donc il est vraiment très scientifique dans son approche, mais donc, voilà, dans les leçon en peu retiré de la fin du podcast, j’essaie toujours de tirer trois petites leçons de la discussion, il dit d’abord, première chose, c’est quand même de tourner vers soi-même pour se comprendre, se connaître, s’estimer et bâtir finalement à prendre soin de soi, bâtir sa confiance en soi, c’est la première chose. Deuxième chose, c’est savoir définir son étoile du nord, son mont Everest ou quel que soit l’image qu’on veut donner en tout cas, voilà, un pari audacieux, les paris audacieux de sa vie. Mais, en même temps, savoir vraiment gérer sa petite voix intérieure et ses propres attentes en permanent. Pour ne pas créer de déceptions par rapport à un éventuel évènement ou l’adversité qui a l’aire de se répéter et la troisième, c’est de dire, bon, parce qu’il a joué beaucoup avec son fils dont il parle beaucoup dans le livre, évidemment, c’est de dire, l’objectif c’est de devenir un meilleur joueur, quel que soit le jeu que tu vas jouer dans ta vie, sois le meilleur joueur. Ca rejoint, d’ailleurs, la discussion que j’ai eu très récemment avec Pete Caroll, le coach de Seahawks, là je parle d’un environnement très différent, le football américain, voilà la vérité, qui dit, « moi, je suis là pour créer auprès des joueurs et tout le stade, toute l’équipe une meilleure version d’eux-mêmes ». Alors, est-ce que finalement, toi, compte tenu de toutes tes vies que tu mènes avec une intensité depuis des années et au quotidien, comment tu incarnes ça, comment tu ressens cette… je dirais ces principes dans la manière dont, voilà tu diriges, tu animes tes équipes, ta famille et le reste ?  

CLARA : Oui, alors, je suis toujours très intéressée par ces propos qui essaient de mettre des lignes de conduite, mais le message que j’aime bien faire passer, c’est exactement l’inverse. C’est à dire que…  

JEAN-PHILIPPE : Vas-y, vas-y.  

CLARA : Dans la réalité, moi, je n’ai jamais su c’est que je voulais faire quand je serais grande. 

CLARA : Je trouve que c’est toujours un peu dangereux de se dire qu’on a un grand rêve qu’on veut réaliser et euh… alors, certains savent très précisément ce qu’ils veulent faire, mais il y a énormément de jeunes, beaucoup de jeunes qui savent peut être ce qu’ils ne veulent pas faire, qui ont une espèce d’aspiration vague, tu vois. Mais qui ne savent pas vraiment ce qu’ils ont envie de faire dans la vie. Enfin, je ne sais pas si Jean-Philippe savait à vingt ans qu’il allait passer toute sa vie chez Microsoft.  

JEAN-PHILIPPE : Absolument pas.  

CLARA : En même temps, tu as une vie extrêmement accomplie, où tu as fait plein, plein de chose dans cette fonction-là, mais tu ne pouvais pas savoir qu’elle te permettrait de développer tous tes propres talents dedans. Puis, si tu veux attendre un rêve et tu te forces à l’attendre, tu peux te réveiller à cinquante ans et te dire que finalement ce n’était pas du tout ce rêve-là dont j’avais envie, en fait, je le croyais, mais en fait, ça n’était pas ça. Je préfère me dire que tous les jours, il faut d’abord travailler avec des gens qu’on respecte. C’est la première chose. J’ai toujours choisi mes métiers, si je peux dire, en choisissant des gens que je respectais, et ce n’était pas sur le papier forcement le métier de mes rêves, mais c’étaient des projets plus grands que moi, c’est à dire pour ça que j’ai servi l’Etat, c’est quelque chose qui était plus grand que moi, que je ne comprenais pas forcement dans toute son ampleur, et un endroit où je pouvais apprendre et découvrir des choses que je n’avais pas forcement en moi, mais qui me venait de l’extérieur. Ça, c’est quelque chose qui est important, c’est à dire que, tu as dit qu’on a eu neufs enfants, mais moi, quand j’étais enceinte, j’étais, évidemment comme toutes les femmes du monde, très fatiguée. Il y avait des matins, où je n’avais pas du tout envie de me lever, je voulais rester dans mon lit, j’avais mal au cœur, je me disais que le monde était beaucoup trop compliqué, que je n’arriverais jamais etc. J’allais au travail et quand je rentrais le soir, c’était le monde extérieur qui m’avait donné de l’énergie. Moi, je n’en avais pas. Mais parce que mes collaborateurs me posaient des questions, ou parce qu’il avait un problème à résoudre etc., ça me sortait du moi-même et ça me donnait une énergie, donc il ne faut jamais compter que sur soi, en fait, le monde extérieur te donne une énergie que toi, tu n’as pas forcement et je pense que c’est une ligne de conduite qu’il faut toujours avoir, c’est à dire que, on n’est pas sa seule source, il faut avoir être bien avec soi-même, il faut avoir au fond du soi une forme de confiance sur le fait que, même si on a le sentiment qu’on n’arrivera pas, finalement on y arrivera quand même. C’est idée qu’on ne monte pas l’Everest en un jour, on monte, on descend, on a des échecs, on recommence etc., mais cette envie de recommencer même quand on se plante et d’avoir justement cette simplicité de se dire qu’on fait comme on peut, de mieux qu’on peut. De temps en temps on merde vraiment, mais l’important c’est l’envie d’y aller. Le troisième pilier, c’est justement cette envie, c’est que… l’envie est le moteur du tout. C’est le moteur du devoir, c’est le moteur de la résilience, c’est le moteur du courage, c’est le moteur de l’empathie et tout ça. Peut-être c’est que j’aimerais dire s’il fallait théoriser ça, c’est qu’il faut avoir l’envie, donc, le rêve, et ce rêve il peut évoluer dans le temps. Il faut avoir l’esprit critique, c’est à dire le contester, le remettre en cause, c’est à dire, est-ce que je le veux vraiment etc., c’est à dire, pour permettre fermer la porte au rêves-annexes qui ne sont pas forcément ceux dont on avait envie, et puis après, il faut avoir l’esprit organisé. Mais nos sociétés font souvent passé l’organisation et l’esprit critique avant le rêve. Donc, il faut tout le temps remettre l’esprit critique et l’esprit d’organisation qui sont essentiels pour réaliser le rêve, mais en dessous du rêve. C’est comme ça que tous les entrepreneurs ont toujours eu cette idée de garder le rêve même s’il évoluait au-dessus de l’organisation et au-dessus de l’esprit critique.  

JEAN-PHILIPPE : Alors, je pense que c’est une super construction et une bonne transition Clara sur une question que j’aborde avec mes invités, autour de la notion de mission. On en parle de plus en plus, des missions, on parle même d’une entreprise à mission. Et là, je parlais de la mission personnelle. Est-ce que finalement, Clara Gaymard, a défini, d’une manière totalement irrationnelle, intuitive, il n’y a pas pu être pas de mots, il y a peut-être une mission, une mission dans toute sa vie, dans ses vies, est-ce qu’il y a un lien, un trait d’union entre, finalement, le pourquoi. Pourquoi tu fais toutes ces choses et qui te poussent, qui te donnent cette envie au quotidien d’aller plus loin ? 

CLARA : C’est amusant parce qu’il n’y a pas très longtemps je faisais un stage sur la créativité parce que je suis très intéressée par la créativité et il y avait une femme à côté de moi et qui posait les questions et qui disait : « Moi, je suis obsédée par mon utilité dans le monde. Quelle trace je laisse dans le monde ». Moi, ça ne m’intéresse pas du tout. Franchement, ce n’est pas du tout ce qui m’anime, ce qui m’anime, c’est, au fond, c’est l’amour, tout le reste, c’est de l’agitation. Est-ce que je fais ça par amour, est-ce que je le fais dans l’amour et est-ce que l’amour des autres, l’amour de ce que je fais et le sens, il viendra lui-même d’une certaine manière parce que le sens ultime de la vie, c’est l’amour. Il n’y en a pas d’autre. Je n’ai pas d’autre alternative que celle-là. Ça m’est arrivé souvent de ne pas forcement comprendre ce qui se passait dans ma vie et pourquoi je le faisais, mais je me disais, si tu le fais par amour, il y aura un sens que je peux comprendre a posteriori, mais que je n’ai pas à priori. Après, c’est aussi parce que moi, je suis une instinctive, je suis plutôt une méditative et une instinctive, c’est la méditation qui me pousse à l’action et pas l’inverse. Donc, je n’ai pas la réponse à ta question, je ne sais pas quelle est ma mission sur cette Terre. J’essaie simplement d’obéir à ça et c’est amusant, parce que mes enfants, m’ont offert une bague que je là au doigt, une toute petite bague, très mignonne et dans laquelle une de mes fille à faire graver « Que ferait l’amour à présent ». C’est une phrase qui est un peu mon motto, parce que de temps en temps tu es dans des réunions qui t’emmerdent, ou tu as un interlocuteur…où tu te dis, mais pourquoi je suis là ? Et dans ces moments-là, quand tu te dis : « Que ferait l’amour à présent », le rendez-vous change. Le moment change, parce que tu te mets dans cette attitude qui est… il y a quelque chose à donner, il y a quelque chose à partager. Il y a forcément quelque chose à partager et peut être qu’il faut juste tout simplement aller sur un autre terrain que celui de la conversation qui est là sur le moment, pour aller dans « Que ferait l’amour à présent ».

JEAN-PHILIPPE : J’adore ! Tu as donné une très belle réponse à ma question, j’attendais peut être vingt-cinq mots pour définir ta mission, alors qu’en fait tu en a donné un, l’amour, et je pense que c’est une belle signature qui a une énergie incroyable, évidemment dans tout ce qu’on peut créer dans sa vie au quotidien. Alors, parlé un petit peu de mission, est-ce que souvent la culture va avec la mission, en tout cas, se définie un petit peu comme le comment on fait les choses, en tout cas, que ce soit chez Microsoft, chez [  :45] Live For Good, je suis très sensible à l’organisation dans laquelle j’ai pu avoir impacte avec les équipes, sur la culture que l’on crée au quotidien, sur ses symboles, sur ses manières de faire les choses, sur finalement ce que l’on vie en commun. Alors, quelle est la culture que finalement Clara développe autour d’elle, que tu développes autour de toi, chez RAISE, par exemple, est-elle fondamentalement différente de ce qu’elle était chez GII ou chez France Invest ? Est-ce qu’il a des éléments communs sur lesquels tu as pu et tu peux évidemment impacter et créer cet environnement et est-ce que pour toi, la culture de l’organisation c’est quelque chose qui a un sens et qui est important aussi ?  

CLARA : Elle est essentielle. Elle est essentielle, quand on crée RAISE avec Gonzague, c’est vraiment la culture et le sens de ce qu’on voulait faire, qui étaient au cœur de la création de RAISE. Nous, ce qu’on voulait faire avec Gonzague, c’était aider les entrepreneurs en France, c’était au moment où il y avait cet article de Libération qui disait : « Jeunes de France, barrez-vous, l’avenir est ailleurs », on s’est dit, nous, la France nous a tellement donné, on a tellement reçu de notre pays, qu’il faut… défendre notre pays, d’une certaine manière, tu vois. Tout particulièrement, Gonzague, il a toujours eu un rôle où il a accompagné des entrepreneurs toute sa vie, tout en étant un financier, moi, j’avais une forme de reconnaissance à la France, parce que je pense que dans aucun autre pays, sauf peut être au Danemark, j’aurais pu être la femme que je suis, parce que si j’aurais été allemande, espagnole, portugaise, anglaise, pour prendre des pays qui sont autour de nous, l’école n’est pas gratuite, la santé n’est pas gratuite, le jugement sur les femme n’est pas le même et donc travailler tout en élevant des enfants ça n’aurait pas été impossible, mais beaucoup, beaucoup plus compliqué. En France, donc, j’avais cette reconnaissance-là. Et ce qu’on a voulu faire, nous, c’est se dire, la façon dont on peut aider notre pays, c’est d’aider les jeunes entrepreneurs, et les entrepreneurs, ils ont besoin d’accompagnement, de financement philanthropique, et donc on va créer une société d’investissement, on va aller voir les grandes réussites françaises, c’est pour ça, d’ailleurs, qu’autour de la table, nos actionnaires sont la moitié du CAC40, ce qui est rare dans une société d’investissement.  

JEAN-PHILIPPE : Oui, c’est assez exceptionnel.  

CLARA : On n’a pas Microsoft, mais on espère peut être un jour avoir Microsoft. Ce n’est pas forcément des entreprises françaises, ça peut être une grande entreprise, on verra bien. Avec l’idée de leur dire : on va investir dans les belles PME françaises, qui sont trop petites pour s’internationaliser et qui ont besoin d’un capital minoritaire, c’est très important, minoritaire, c’est à dire qu’on ne vient pas se substituer au management, on vient à côté des dirigeants, les accompagner dans leur croissance. Et on est minoritaire, on est patient, on est long terme et on est bienveillant, et grâce à ça, nous, on donne la moitié de notre bénéfice, notre carré d’interest, pour ceux qui comprennent ce jargon à une fondation pour l’entreprenariat qui finalement est la plus grosse fondation privée pour l’entreprenariat en France, parce qu’elle a plus de 30 millions euros et qu’elle a déjà distribué des prêts d’honneur à 100 milles euros, des prêts à 500 mille Euros enfin, on a distribué plus de 80, à peu près 10 millions d’euros ont déjà été distribués à des entrepreneurs dont certains sont devenus des licornes aujourd’hui, il n’étaient pas quand on a les accompagnée, et on est extrêmement fiers, c’est à dire qu’au début, on a vraiment participé au moment où il y avaient des problèmes de trésorerie, où il y avaient des problèmes d’accompagnement, on les a aidé à devenir ce qu’ils sont devenus comme ManoMano, Cheers, [PH 00:31:37] JSL&C etc., Romiro qui sont devenus aujourd’hui les stars.  

JEAN-PHILIPPE : Une belle réussite, alors, on va en parler dans quelques minutes, Clara, parce que évidemment, je suis très intéressé par ta réflexion et ton action à nouveau sur cette économie dite bienveillante et ce mouvement des entreprises à impact, ou à impact positif, des entrepreneurs sociaux pour connaître un petit peu ton regard, mais avant de revenir à cette question, je souhaitais m’attarder sur un mot que tu utilises sans doute au quotidien en anglais empowerment, qui est un mot intraduisible, on est d’accord, j’ai toujours des problèmes avec mes amis américaines sur ce mot…  

CLARA : C’est très compliqué… 

JEAN-PHILIPPE : Qu’il n’y avait pas, et d’ailleurs dans beaucoup d’autres langues également. Pour toi, quelle est ta philosophie de cet empowerment-autonomisation ? Voilà, la meilleure traduction que j’ai pu trouver, ce n’est pas très élégant. Dans la culture française, dans tes expériences aussi justement de leadership, de management, à la fois d’équipe internationale, notamment à l’époque de GII, mais aujourd’hui chez RAISE à l’autre, c’est quoi, ta conviction ?  

CLARA : D’abord, moi, j’ai beaucoup appris chez GII de ça. Parce que c’est vrai que, quand tu viens dans l’administration, l’administration elle est extraordinaire, moi, je ne crache pas du tout sur l’administration, je pense que les fonctionnaires font un travail incroyable qui n’est pas assez reconnu et trop critiqué, parce que c’est compliqué d’être fonctionnaire, parce que quand tu prends une décision, quand tu es dans la puissance publique, tu as toujours forcement 50% de la population qui est contre, et pour des bonnes raisons. Ce n’est pas de mauvaises raisons. Donc, c’est très compliqué de prendre la décision publique. Quand tu es dans l’entreprise, il y a un mode démocratique dans une entreprise, c’est un autre sujet, mais c’est quand même important de dire, tu vois, d’apprendre à gérer des situations extrêmement complexes. Essayer de trouver la moins mauvaise solution qui permet d’avancer. Ce que j’ai appris chez GII, c’est justement, ce… c’est cette culture de faire confiance à priori. C’est à dire que, quand tu recrute quelqu’un, tu fais confiance à priori, et moi, j’avais un patron assez extraordinaire parce que quand même, il m’a filé les clés du camion de la France alors que je n’avais jamais travaillé pour une boîte privée, et encore moins pour une boîte américaine, il m’a donné des mois de coaching, enfin, ça devait durer six mois, et puis il m’a dit c’est bon… 

JEAN-PHILIPPE : T’es prête.  

CLARA : Mais il était là. C’est à dire que je pouvais lui poser toutes les questions que je voulais et il disait « oui », « non », « oui », « non » ou ce n’est pas comme ça etc., mais il était un peu comme un papa si je peux le dire, qui te laisse en totale liberté, mais je savais que je pouvais valider mes choix, lui poser mes questions etc. Mais il ne m’a jamais dit ce qu’il fallait faire. Si, il m’a dit qu’elle était ma mission, qui était tout simplement d’accroître le chiffre d’affaires, de faire en sorte que la France… qu’on gagne des contrats, notamment dans le secteur publique qu’on ne gagnait pas etc… 

JEAN-PHILIPPE : Mais c’était à toi de trouver la solution.  

CLARA : Mais c’était à moi de trouver les solutions et surtout il m’a fait confiance, en fait, ce n’est même pas… il m’a fait confiance, et du coup, on a réussi. Effectivement, je suis allé avec mon chemin à moi. Il m’a dit : « Tu as … On a besoin des gens qui comme on dit en bon français un insider, tu es une insider utilise ça pour pouvoir développer GII en France. Au fond, je dirais avec Gonzague que c’est exactement la même chose qu’on fait, c’est à dire, qu’on confie aux équipes une mission et bien sûr, on est là, on est tout le temps là. Quand ils ont besoin, notre porte est ouverte, mais c’est eux qui sont responsables, même quand ils sont jeunes. Comme tu le sais, chez RAISE on est à parité complète, homme-femmes, et dans le monde de la finance c’est extrêmement rare, même si maintenant ça s’améliore et la façon d’y arriver c’était de recruter des femmes jeunes. Donc nous, nos équipes sont extrêmement jeunes et donc de leur faire confiance extrêmement jeunes, tout en, tu vois, en les aidant.  

JEAN-PHILIPPE : Bien sûr.   

CLARA : La meilleure des idées ce n’est pas dire ce qu’il faut faire, mais ce qu’ils sachent qu’on est là.  

JEAN-PHILIPPE : C’est leur donner à la fois la confiance… 

CLARA : Oui.  

JEAN-PHILIPPE : …pour se planter d’ailleurs quelques fois… 

CLARA : Oui.  

JEAN-PHILIPPE : …et se relever et puis d’être aussi en anglais, le sailing board, une caisse de résonnance, de test aussi pour des idées que tu avais peut être comme manager de GII des plus folles ou autre de se dire n’aie pas peur, quoi.  

CLARA : Avec Gonzague on s’est dit toujours que finalement 80% du boulot, c’est l’humain. Alors, ça nous arrive de prendre quelqu’un en se disant ce coaching voilà, ça ne va pas, mais après c’est toujours un peu secouant, mais ils savent que c’est fait pour les aider à grandir et nous-mêmes aussi, on grandit, on apprend à être un bon manager, on ne l’est pas d’emblée.

JEAN-PHILIPPE : En tant que bon manager, on apprend tous les jours, dans sa famille comme dans son entreprise comme tu disais tout à l’heure Clara. J’aimerais revenir un petit peu à RAISE et à ce modèle que vous avez créé avec Gonzague, parce qu’il est à la fois très intéressant, et comprendre ta perspective finalement, si ce n’est de la trace, si je peux dire je ne suis pas obsédé par la trace que je vais laisser, mais de l’impact, l’impact que RAISE souhaite avoir. En 2030 ça va être l’échéance des 17 objectifs du développement durable de l’ONU, ça sera quoi l’impact de RAISE en 2030 si jamais vous avez exprimé, parce que ce n’est peut-être pas dans vos plans avenants, mais même à haut niveau, tu vois, les plans les plus fous, vos rêves.  

CLARA : C’est amusant ce que tu dis, parce que si on avait dû faire une projection de RAISE à 7 ans, parce que on a 7 ans, je ne pense pas arriver d’être là où on en est. Donc, on est arrivé beaucoup plus loin de ce qu’on avait imaginé, comme quoi, encore une fois, la vie quelque fois t’emmène là où… si tu la laisse faire, elle t’emmène beaucoup plus loin que ton petit cerveau peut imaginer. Mais RAISE, c’est vraiment l’idée de faire la finance autrement, avec une conviction extrêmement profonde qu’on avait au départ mais dont on est assez fier d’avoir pu le prouver, par exemple, c’est que quand t’es généreux, ton business va mieux. Nous, on a mis la générosité au départ et on donne 50%. Donc, 50%, c’est beaucoup et c’est l’argent des équipes, ce n’est pas l’argent de l’entreprise. C’est l’argent que chacun touche avec son [PH 00:38:12] Cas Rid, et de chaque [PH 00:38:13] Cas Rid on fait un chèque de 50%. Donc, c’est un acte fort et il faut que les gens qui nous rejoignent fassent sans amertume en disant « merde, je pourrais l’utiliser pour autre chose » et la raison pour laquelle ils le font avec fierté, c’est parce que la fondation est chez nous, et qu’ils voient en direct, c’est eux qui choisissent les entrepreneurs qui on va accompagner et voient en direct les fruits multipliés qui ça apporte. Donc ça, on en avait l’intuition, que si tu choisis bien les personnes qui tu accompagnes, elles vont multiplier l’argent que tu leur confies, mais ce qu’on a réussi à prouver aussi, c’est que RAISE n’aurait jamais grandi aussi vite, si on n’avait pas eu la fondation, je m’explique. On a levé un fond d’impact. La Fondation de France nous a confié 100 millions au départ, maintenant on est à 250 millions. La Fondation de France n’aurait jamais venu nous trouver si on n’avait pas la philanthropie. On a, par la philanthropie, on a vu 400 milles start-ups. On s’est senti légitimes pour créer un fond-venture, on s’est senti légitime pour maintenant créer un fond Site for Good pourquoi, parce que, comme on a créé toute une méthodologie sur l’impact, on s’est dit, on va pouvoir aider les start-ups à créer… alors, se créer du départ avec les bons éléments, les bons KPIs de l’OSG. Donc, on apporte quelque chose de plus qu’un autre…  

JEAN-PHILIPPE : D’accord, ça c’est dans l’ADN vraiment de vos entreprises.  

CLARA : Oui. C’est à dire que, tu as bien sûr les entreprises à impact… 

JEAN-PHILIPPE : Oui, bien sûr.  

CLARA : … qui sont native impact ou qui ont une mission à impacte dans la transition, dans la transition écologique, agricole, l’économie-circulaire, sociale etc. Et puis tu as toutes les entreprises qui ne sont pas nécessairement dans le cœur de l’écologie mais qui ont besoin… qui inonde d’avenir, dans autre sens, qui s’ils ont les bons instruments de mesure dans l’environnement, dans le gouvernance et dans le social. Donc c’est ça que nous, on apporte. Mais c’est ça qu’on apporte, ce savoir, par l’expérience qu’on a eu par notre philanthropie et par notre fondation qui est euh… passe son temps à rencontrer des start-ups. Donc, troisième élément, c’est que ça nous a mis au cœur du sujet essentiel de l’innovation partagée entre les grands groupes et les start-ups, donc, on a d’abord créé un événement qui s’appelle David et Goliath qui donne un prix à une meilleure alliance grand group - start-up, je te donne rendez-vous le 9 novembre…  

JEAN-PHILIPPE : Très bien, c’est noté.  

CLARA : On va refaire cet évènement cette année, mais surtout, ça nous a permis de créer un lieu qui s’appellerait [PH 00:40:52] RAISE DAIM, qui a lieu d’innovation sociale, d’innovation partagée au bénéfice des grands groups.  

JEAN-PHILIPPE : D’accord.  

CLARA : En les aidant avec la méthodologie pour mieux travailler avec les start-ups etc. Et puis le dernier-né, ça s’appelle La plume, on s’est dit, si on veut changer le monde, il faut se changer soi-même, nous en premiers et si on peut les dirigeants à se changer comme on les connaît, et donc on a créé un lieu qui ouvre au mois de janvier dans une ferme de permaculture, et donc ou le professeur sera la nature. Donc toi, tu peux venir avec tes équipes, tu vas travailler sur ta stratégie, et puis pendant le temps libre, tu vas ramasser tes patates pour déjeuner, tu vas aller marcher dans la nature, tu vas faire des choses de tes mains. On va retrouver ce principe de réalité qu’on perd dans nos vies, parce qu’on est complètement déconnectés de la nature et de la réalité et comme les dirigeants sont déjà intelligents, c’est immersion va leur permettre par nature de changer.  

JEAN-PHILIPPE : C’est un super programme de nous ramener un petit peu les pieds sur terre, la vraie terre.  

CLARA : Oui. Oui. La vraie terre.  

JEAN-PHILIPPE : Et j’adore ça, peut être une ou deux dernières questions Clara. Pour revenir à ce que tu disais là, tu as parlé aussi dans tes interventions de la vraie innovation pour toucher un petit peu quelques bons instants. Parce que ce n’est pas tout simplement la technologie, évidemment. Par quoi cette vraie innovation qui a un sens, qui a un impact positif, comment tu l’as fait jaillir, comment tu la motive, comment tu la développe, c’est quoi ?  

CLARA : Alors, c’est une question très vaste que tu poses. D’abord, je ne vais pas parler d’innovation à travers l’environnemental, parce que c’est ce que les entreprises savent très bien faire. L’innovation, c’est de comprendre le monde tel qu’il va être. Et donc de revenir à des évidences qu’on ne voit plus. Pour moi, il y a plusieurs évidences. Il y a, évidemment, l’urgence climatique dont on parle, mais il y a une deuxième évidence qui est beaucoup plus importante, c’est que les métiers qui sont aujourd’hui les métiers les plus mal payés, sont les métiers qui sont les plus essentiels. C’est ce qu’on appelle souvent les compétences invisibles. Pour donner un exemple, beaucoup des gens ont une femme de ménage chez eux, finalement, ils n’y attachent tellement d’importance sauf les jours où elle n’est pas là. Où tu te rends compte, finalement, à quel point elle te rend la vie agréable, facile, confortable, parce qu’elle n’est pas là. C’est la même chose dans les hôpitaux, dans tous ces métiers qui sont des métiers euh… manuels, justement. Quand tu as un trou dans ta charpente, si tu n’as pas un charpentier qui vient, toi, tu ne sais pas faire. Donc là, ce c’est capacité à remettre l’innovation là où elle doit être et de remettre en priorité là où les choses sont indispensables. C’est justement cette sobriété heureuse, c’est à dire, le bonheur n’est pas dans la cumulation, certainement pas, et au contraire, la cumulation, ça encombre. Je me souviens d’avoir accompagné une amie qui vendait sa maison et elle en était extrêmement triste, et elle voulait absolument garder tout ce qu’il y avait à l’intérieur. Moi, je lui dis : « Donne tout à Emaus, franchement, tu n’auras pas besoin, c’est des choses qui tu n’utiliseras jamais et ça t’encombre. » Et c’est ce qu’elle a fait et après elle m’avait dit qu’elle s’est sentie légère ! Je peux redémarrer. Et donc, l’innovation, il faut la mettre là, où finalement, elle n’apporte pas simplement du sens, mais aussi du bien-être, du vrai bien être aux gens.  

JEAN-PHILIPPE : Aux gens au quotidien. 

CLARA : Aux gens au quotidien. Et c’est pour ça que tout ce qu’il a été fait avec la [PH 00:44:33] juga d’économie etc., ouvre des perspectives et à mon sens, si on met l’écologie et le social en priorité de l’innovation, on va pourvoir l’orienter vers une meilleure planète et vers le meilleur bien-être des gens et finalement, qu’est-ce qu’il y a de plus essentiel dans la vie que de vivre sur une Terre qui nous nourrit, avec des gens qu’on aime et en faisant quelque chose qui vous épanoui et qui vous accompli, c’est aussi simple que ça. 

JEAN-PHILIPPE : Oui, il n’y a rien de plus beau. Pour conclure peut être Clara, toi, comme moi et de nombreux auditeurs aussi, sont très motivés par finalement révéler le potentiel de cette nouvelle génération des jeunes qui veulent être entrepreneurs de leur vie déjà. Contrôler sa vie ça veut dire plein des choses différentes. Quelle seraient tes trois recommandations, tes trois recommandations pour ces jeunes qui essaient de définir dans pas simplement ce sens, de dire, voilà, je veux laisser ma petite trace à moi, mon petit impacte dans cette Terre, parce qu’il y a des choses qui ne me conviennent pas ou parce que j’ai envie de changer les choses, ça serait quoi ?  

CLARA : Oh, moi, je leur dirais une seule chose. C’est que contrairement à ce que l’on nous bassine dans la presse etc., ils ont énormément de chance. Ils ont énormément de chance parce qu’ils sont à une époque où, en ayant évidemment un ordinateur, ils peuvent tout faire. Ils peuvent réaliser des films, ils peuvent faire de la musique, ils peuvent écrire des romans, ils peuvent monter une entreprise euh… ils ont entre leur mains ce que nous, nous n’avions pas quand nous avions 18 ans. Pour créer une entreprise… pour faire un film, il fallait avoir un oncle qui avait une super vie et tout ça. Finalement, l’argent n’est plus au départ le nerf de la guerre, bien sûr quand on a une bonne idée, quand on a un bon projet et quand on y met tout son cœur et tout son courage, même si ça ne marche pas toute de suite… euh… la tâche est immense et donc il ne faut jamais se dire que… l’échec est un apprentissage. Les erreurs sont des apprentissages. En fait, on peut faire ce qu’on a envie d’accomplir. Encore une fois, quand on échoue, c’est parce que peut être il faut réviser le rêve, enfin, il faut le réajuster pour qu’il puisse s’accomplir. Ils ont beaucoup de chance. Parce qu’ils ont les clés de leur destin. Et la deuxième chose, que je leur dirais, c’est qu’il ne faut jamais oublier qu’on est créateur de sa vie, mais à tout moment, à chaque minute… tu vois là, par exemple, on a cette conversation, si je n’étais pas venue, elle n’existerait pas. Si toi, tu n’avais pas pris cette initiative de créer ce podcast, ça n’existerait pas. Peut être que ça ne manquerait pas au monde, mais en tout cas, nous, on a eu ce moment-là.  

JEAN-PHILIPPE : Moi, en tout cas, je eu le grand plaisir de l’avoir.  

CLARA : Quand on dit, créateur de sa vie, souvent quand on est jeune, on imagine quelque chose de très grand. En fait, le matin quand on se lève, si on met un sourire sur son visage, déjà on crée sa vie différemment que si on fait la gueule. Au fond, c’est ces deux messages-là, j’ai de la chance et je suis créateur de ma vie à tous les moments. Puis, la dernière chose que je dirais, parce que pour moi, elle est essentielle, ce qu’on dit toujours qu’on naît nu est qu’on meure nu. On est tous les matins nus. Et ce qu’on fait, ce qu’on accomplit, ce qu’on donne au monde, non seulement ne nous définit pas, mais ne nous appartient pas. Une fois que c’est donné, c’est donné. Et finalement, on projette, Jean-Philippe, au fin fond de l’Afrique, je ne sais pas, au cœur de la steppe. On n’a aucun de nous attributs, mais on est nous-même. Il faut toujours se dire que… s’enlever ces attributs en permanence, de se mettre nu, parce que c’est ça qui donne la vraie liberté.  

JEAN-PHILIPPE : Clara, c’est une façon fabuleuse de conclure notre discussion. Je peux dire, que tu as alimenté en moi, généré en moi plein de nouvelles idées et certainement aussi de tous nos auditeurs sur un leadership positif qui est vécu, qui est vécu à chaque instant, nu, pour aller chercher ce moment du bonheur, ce moment présent…  

CLARA : La liberté.  

JEAN-PHILIPPE : La liberté. Et je me permets de tirer trois enseignements, très modestement, parce qu’il y a plein de choses, j’ai pris plein de notes, en tout cas, de notre conversation, ces trois enseignements suivants : d’abord, quand tu es généreux, tu es gagnant. Je suis créateur de ma vie et que ferait l’amour à présent.  

CLARA : Ce n’est pas de moi, que ferait l’amour à présent.  

JEAN-PHILIPPE : Non, mais… 

CLARA : Mais c’est mon motto.  

JEAN-PHILIPPE :C’est un message universel, un motto je pense qu’il va être partagé partout, par tous à l’occasion de ce podcast et donc mille merci du fond du cœur Clara, pour ton temps, ton sourire en permanence, face à moi, et je l’espère d’ailleurs d’avoir de très belle nouvelles rencontres et d’activités en commun avec RAISE euh… que j’aurais, certainement le plaisir aussi de participer et de revoir, merci 

CLARA : Merci, Jean-Philippe, merci pour cette opportunité.