Positive Leadership

[FR] Aspirer à toujours s'améliorer (avec Justine Hutteau)

December 21, 2021 Jean-Philippe Courtois Season 2 Episode 0
Positive Leadership
[FR] Aspirer à toujours s'améliorer (avec Justine Hutteau)
Show Notes Transcript

Cofondatrice de Respire, ultra marathonienne et gagnante du prix Forbes « 30 Under 30 », Justine Hutteau se joint à JP pour discuter de l’importance de se faire entendre même si on pourrait avoir tort et de ne pas rechercher la perfection, mais plutôt d’aspirer à toujours s’améliorer.

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JP: Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Jean-Philippe et je suis très heureux de vous retrouver ce matin dans ce nouvel épisode de notre podcast sur le leadership positif et l'épisode d'aujourd'hui est un épisode en français. 

 

J'adore faire ces épisodes, pas seulement parce que j'ai reçu vraiment un super feedback de beaucoup d'auditeurs/auditrices, mais aussi après avoir accueilli Pierre Dubuc, Clara Gaymard et puis c'est aussi l'occasion de présenter des entrepreneurs, des francophones, français assez exceptionnels et notamment l'entrepreneure avec laquelle je me trouve aujourd'hui avec un E qui est juste en face de moi à Paris dans le 10e dans ses bureaux c'est Justine Hutteau, cofondatrice de la marque de produits d'hygiène naturels Respire. C'est une marque qui propose des produits français entièrement naturels, végans et durables depuis les shampoings jusqu'aux déodorants et plein d'autres produits et Justine l'a lancée en 2017. C'est une aventure incroyable, une entreprise d'aujourd'hui bâtie sur les réseaux sociaux, une grande communauté de clients, de fans, c'est le développement durable aussi, la passion et puis une positivité qui se respire, voilà… vous l'entendez dans le sourire. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je l'adore. 

 

JP: Donc, bonjour Justine. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Bonjour, JP et bienvenue dans mes bureaux. 

 

JP: Merci beaucoup de m'accueillir dans ton bureau avec tes équipes, avec tous les auditeurs de ce podcast. Je t'écoutais à plusieurs reprises, de nombreuses reprises. On va commencer avec une question qu'on a posée des centaines de fois, mais je compte sur toi pour nous dire vraiment comment et pourquoi tu as créé Respire. Voilà, la petite histoire de Respire ou la grande histoire de Respire au tout début. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Ouah. Alors même si c'est vrai que j'en parle souvent, c'est toujours, donc mon histoire. Donc, tu disais 2017, alors en vérité, Respire, on l'a lancé en 2019. 

 

JP: Ah. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Mais j'ai commencé à travailler sur le projet en 2017 en effet. Donc, moi j'ai 27 ans aujourd'hui et récemment, en fait, il y a quelques années je me suis passionnée pour la course à pied, pour le sport, l'aventure, des semi-marathons, des marathons, même des ultra trails, j'ai couru récemment 120 km dans le désert en autosuffisance alimentaire. Donc, voilà, je suis devenue complètement passionnée alors qu'il y a 10 ans, je n'aurais jamais imaginé être capable de courir un jour plus de 2 km et en fait, quand je me suis mise à courir et que j'ai été prise par cette passion, j'ai réalisé à quel point le corps il est magique et à quel point notre corps il nous permet d'aller loin de nous porter, d'aller au-delà de nos limites, en fait. 

 

Avant de courir un marathon, on ne sait même pas si on est capable de le faire, et finalement le jour où on court ce marathon-là, où on passe cette ligne d'arrivée des 42 km, on prend conscience de la magie du corps. Et donc, c'est vraiment… il y a quelques années j'ai pris conscience de la magie du corps, la magie de mon corps et j'ai voulu aller toujours plus loin dans cette course à la médaille et puis j'ai été arrêtée dans cette course folle par un petit pépin de santé, on m'a détecté une tumeur bénigne à la poitrine, donc là, c'était en 2017 pour le coup… 

 

JP: Oui. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …et alors, c'est bénin, je vais très bien, mais sur le moment… donc il y a eu plusieurs examens qui se sont enchaînés et en fait au moment où on m'a annoncé le mot tumeur ça fait hyper peur et ça a été une douche froide pour moi et c'est là que j'ai remis en question plein de choses dans ma vie, donc que ce soit les produits d'hygiène que je mettais sur mon corps au quotidien, l'alimentation, plein de choses. En plus, je pense que je fais partie de la génération… On remet plein de choses en question aujourd'hui… 

 

JP: Oui, très vite. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …et donc le déodorant, c'était le premier produit qui me questionnait vu que ma tumeur est juste sous l'aisselle droite et donc, c'est ça qui a été mon déclic… 

 

JP: Le déclencheur. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …il y a plein de déodorants sur le marché, mais en fait, est-ce… enfin, je ne trouvais pas celui dans lequel j'y mettais ma confiance, qui était naturel, efficace, super agréable à utiliser et qui avait une communication très transparente et de proximité avec moi. Et c'est ça qui m'a donné envie de lancer Respire. 

 

JP: C'est vraiment cet évènement, alors que tu étais en train de réaliser que ton corps était déjà magique à l'époque… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: …et tu t'es dit, ce corps j'en ai vraiment besoin, car j'ai plein de belles choses à faire encore dans ma vie. 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est exactement ça. En fait, notre corps, c'est la seule maison dans laquelle on est obligé de vivre, on ne peut pas en déménager et donc, il faut en prendre soin. 

 

JP: J’adore ça. C'est cette maison, c'est notre maison. Justine, je sais aussi que ta famille compte beaucoup pour toi, ta maman, ta grand-mère, je crois, ont été aussi… t'ont inspirée en tant qu'entrepreneur dans leur vie. Est-ce que c'est leur exemple ou d'autres exemples d'ailleurs, qui t'a donné vraiment envie d'en faire autant en grandissant et est-ce qu'elles ont été tes modèles à suivre quand tu as démarré Respire ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: J'ai beaucoup de rôle model, clairement depuis petite, mais c'est vrai que de baigner dans une famille où il y a beaucoup d'entrepreneurs depuis toute petite, c'était pour moi une évidence que j'allais être un jour entrepreneur, ce n’était même pas un rêve, c'était juste un jour je le serais. Par contre, quand j'étais plus jeune j'étais persuadée que je serais entrepreneur vers 40 ans, je ne sais pas pourquoi je me disais il faudra que… 

 

JP: Pourquoi 40 ans ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je m'étais dit si je diplôme vers 25 ans, j'ai 15 ans d'expérience dans une grande boîte… c'était vraiment ce que j'avais en tête et puis à 40 ans je lâcherai tout et je lancerai ma boîte et en fait, c'est peut-être parce que mon père avait autour de 40 ans au moment où je me suis que je serais entrepreneur un jour et en fait, ça m'est tombé dessus avec cette histoire-là et ça m'a donné beaucoup de force d'avoir des entrepreneurs dans ma famille parce que je me suis dit, en fait, ce n’est pas insurmontable, ce n’est pas infaisable et surtout, eux, ils vont pouvoir déjà me donner les clés pour y arriver et puis surtout en fait, ils m'ont toujours inculqué ces entrepreneurs que si j'échoue, c'est pas grave, j'aurais appris… 

 

JP: Dès le début tu n'as pas eu cette peur de l'échec, tu en as parlé… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Alors, je ne vais pas dire que j'avais complètement pas peur de l'échec, parce que je pense qu'on a toujours un peu cette part de doute où on se dit et si ça ne marche pas qu'est-ce qui se passe, mais il y a ce fait d'avoir été baignée dans une famille d'entrepreneurs qui ont des pépins, qui ont des merdes, je vais dire crûment, mais je les ai vus depuis gamine… 

 

JP: Ouais, des galères. 

 

JUSTINE HUTTEAU: … des galères, des moments où c'est difficile, mais en fait, ils se relèvent toujours, et puis il y a toujours des moments où ils sont en train de sourire et la vie est belle, parce que finalement ils tournent quasiment tous leurs échecs en positif derrière et puis il y a aussi ce fait d'avoir fait mes études au Canada, j'ai passé 6 ans à HEC Montréal… 

 

JP: Oui, au Québec, je crois ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement, au Québec. Et de baigner dans cette culture québécoise, enfin, je veux dire québécoise, mais canadienne aussi où en fait… les canadiens n'ont clairement pas peur de l'échec, ils s'assument complètement, ils tombent, ils se trompent et puis en fait ce n’est pas grave et ça, je m'en suis vraiment rendu compte en cours par exemple. Quand je suis arrivée… donc j'ai quitté mon petit lycée français, parisien, je suis arrivée là-bas au Québec et en fait en cours, les québécois, ils levaient tout le temps la main, même pour dire des bêtises, enfin pas des bêtises, mais pour se tromper. Juste, ils se lancent dans le grand bain et puis s'ils disent des choses qui ne sont pas justes, ce n’est pas grave, personne ne va les blâmer alors qu'en France, j'avais le sentiment que j'étais blâmée depuis petite si je me trompais et que je ne répondais pas… si je n'avais pas la bonne réponse à la question du professeur. 

 

JP: Ça, c'est vraiment une culture nord-américaine, tu as bien raison de le dire. Dans toutes les écoles aux États-Unis, d'ailleurs comme au Canada, on incite justement les jeunes à prendre la parole sans arrêt et on leur donne des feedbacks positifs… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: … quelle que soit la réponse. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. C'est du feedback. 

 

JP: Nice try, good shot. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement, c'était ça. Donc, voilà, les "rôle model" j'en ai eu plusieurs à la fois dans cette culture québécoise, mais à la fois dans ma famille et notamment mes deux grand-mères qui ont été toutes les deux… une grand-mère belge qui elle, dans les années 90 a été précurseur et a lancé sa première boutique de vente de vêtements de seconde main. 

 

JP: D'accord. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Clairement la précurseur de Vinted. 

 

JP: De Vinted. Complètement. 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est ça et mon autre grand-mère qui elle avait repris l'entreprise de son père qui était dans la métallurgie et en fait, ce n’était pas facile pour elle dans les années 70, elle était patronne comme on dit et j'adore, parce que depuis toute petite, elle me raconte ses histoires où elle avait des hommes au téléphone qui lui disait, "mais madame passez-moi votre patron" et elle, elle rigolait et elle disait, "je vous écoute, monsieur". Donc elle m'a toujours donné confiance, c'est des "rôle model" dans ma famille qui m'ont donné confiance et puis au-delà de cela j'ai envie de dire, on me demande souvent mes "rôle models" et je parle souvent de ma famille, mais il y a aussi toutes les personnes qui sont déjà des entrepreneurs, des femmes ou des hommes et donc voilà des podcasts que j'ai pu écouter, des entrepreneurs que j'ai pu rencontrer… 

 

JP: Qui en particulier alors, tu m'en cites un ou deux ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Il y a Fanny Péchiodat, la fondatrice de My Little Paris, Guillaume Gibault, le fondateur du Slip Français, plus récemment, Julie, la fondatrice de Yuka. 

 

JP: Oui, bien sûr. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Donc, voilà, ce sont des "rôle models" qui n'étaient pas de ma famille, que je ne connaissais pas du tout et que j'ai pu rencontrer à travers des événements, donc on peut se lancer dans l'entrepreneuriat même si on n'a pas des "rôle models" dans sa famille. 

 

JP: C'est super et puis c'est vraiment fantastique, je pense, pour ceux qui t'écoute aussi de voir aussi que tu as su transformer un événement quand même très anxiogène, angoissant qui est arrivé sur ta santé en quelque chose d'aussi positif et qui t'anime au quotidien et pas seulement pour toi, mais pour tout le monde. 

 

Alors, en fait Justine dans la saison 1 de ce podcast, j'ai reçu quelqu'un qui s'appelle Vincent Stanley qui est le directeur de la Philosophie à Patagonia qui est une belle entreprise que tu connais sans doute, c'est ce qu'on appelle une B Corp, donc, une entreprise très engagée au plan sociétal depuis sa création. 

Il a donné vraiment quelques conseils vraiment précieux que je partage avec toi et tous sur ce podcast. N'attendez pas d'être une grande entreprise, alors il démarrait à un million de dollars, pour toi c'est rien, enfin, c'est déjà pas mal 3 millions de dollars… pour faire du bien autour de vous, faites-le dès le début et instaurez tout de suite ce type d'exigence chez vos investisseurs, vos clients et vos employés. J'ai le sentiment que c'est précisément ce que tu es en train de faire avec tes produits naturels et durables, mais pour quelqu'un qui a démarré son activité il n’y a pas si longtemps finalement que penses-tu de ce qu'a dit Vincent dans ce podcast et compte tenu de ta propre réussite quel conseil donnerais-tu à tous ces entrepreneurs, notamment de cette génération et pas seulement qui veulent créer une entreprise capable d'avoir un impact positif sur le monde. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je suis complètement fan de cette phrase et de ce qu'il dit puisque je partage complètement cette philosophie. En fait, quand j'ai lancé Respire, c'était déjà en créant moi… de lancer une marque à impact, qui ait du sens, qui fasse le bien, qui essaie d'avoir un impact environnemental le plus neutre possible et qui surtout accompagne les consommateurs dans cette transition écologique, dans cette prise de conscience de prendre plus soin de soi et du coup dans cette prise de conscience de mieux comprendre ce qui consomme et… alors je suis arrivée moi après… enfin, Respire est arrivé après Yuka par exemple qui était déjà l'application donc qui permet à tout consommateur qui ne maîtrise absolument pas le latin et qui ne sait pas lire une liste d'ingrédients d'avoir énormément de pouvoir parce qu'on peut décrypter grâce à cette application les produits qu'on consomme au quotidien, les ingrédients qui sont dans cette formule. Et donc, je suis convaincue depuis même avant Respire qu'il faut comprendre ce qu'on met sur notre corps au quotidien, en fait c'est ça qui va nous donner confiance, c'est ça qui va nous faire nous sentir bien dans notre corps finalement. Alors, qui va nous faire nous sentir bien, on se dira, il y a des années, on a toujours utilisé des produits ou mangé des choses où on ne sait pas ce qu'il y a dedans et pourtant on se sent très bien quand même, mais je suis à une époque où il y a cette prise de conscience où on a envie de mieux consommer. 

 

JP: Et de comprendre. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Et de comprendre. Et donc, pour moi c'était une évidence de le faire dès le début et donc à la fois à travers des produits donc avec… en développant des produits avec un brief très précis, donc un cahier des charges… en s'assurant d'avoir des formules qui sont au minimum à 95 % d’ingrédients d'origine naturelle, des formules qui sont certifiables et certifiées BIO, des formules Vegan, qui sont made in France bien sûr puisqu'en France on a en plus cette chance d'avoir une industrie cosmétique très développée, donc pourquoi aller à l'étranger alors qu'on peut le faire ici et surtout d'avoir des packagings qui sont le plus éco-responsable possible, donc ça passe par à la fois, nous dans notre architecture de gamme on a à la fois des produits solides, zéro déchet, qui vont vraiment s'adresser à des consommateurs qui sont prêts à sauter le pas et à passer au solide. Donc ce qu'on souhaite dire, c'est utilisez du solide et vous verrez que ça ne change pas finalement tant le côté sensoriel que vous aimez utiliser tous les matins. Donc, il y a déjà ça et puis ensuite avoir des produits qui sont dans des formats liquides, parce qu’on ne veut pas non plus changer toutes nos habitudes, mais dans ce cas, dans des packagings qui sont recyclés, recyclables et rechargeables et donc d'éduquer le consommateur à aller recharger ses produits pour consommer de moins en moins de plastique… 

 

JP: Donc, un vrai rôle d'éducation aussi… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Donc, il y a un vrai rôle d'éducation et d'accompagnement des consommateurs dans cette transition écologique et avoir bien conscience que tout le monde n'est pas au même stade et donc avoir un discours qui n'est pas anxiogène, ce n’est pas grave si vous ne passez pas au solide demain, vous irez plus tard, mais au moins essayer d'avoir un packaging qui est plus éco-responsable ou alors passer à la recharge et donc, c'est cet accompagnement pour moi qui est super important et donc il fallait le faire dès le début de Respire, il ne fallait pas attendre en effet d'être une grande entreprise pour le faire. 

 

JP: Dès le démarrage. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Et donc, les conseils que je donnerais en fait, c'est de "sticker" à son ADN dès le début et de ne pas en déroger. En fait, c'est facile de se dire bon bah voilà tel produit… si je vais chercher mon packaging en Chine, il me coûtera moins cher et puis il sera peut-être mieux parce qu'en Chine on fait des choses très bien en termes de qualité, mais non en fait, parce qu’il faut ne pas déroger à son ADN, à ses valeurs de base de se dire, j'ai envie d'avoir des produits qui sont made in France et en fait, le jour où on déroge à la règle, c'est là qu'on va perdre la confiance… 

 

JP: On déraille, on perd la confiance de ses clients, de ses équipes, de tout le monde. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Et puis, on commence par un petit peu et puis après on va de plus en plus loin, donc il faut vraiment "sticker" à son ADN dès le début, être dur avec soi-même, se dire que voilà, on fait une V1, puis la V2 sera mieux… 

 

JP: Exigeant. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà, être exigeant. C'est ça, l'exigence. 

 

JP: Alors, ce que tu dis, vraiment, résonne beaucoup à mes oreilles, Justine. Je suis cofondateur aussi d'une association qui s'appelle Live for Good que j'ai cofondé avec ma famille et puis plein de gens maintenant qui nous ont rejoints, ce qui est fantastique qui aide de jeunes entrepreneurs venus de tous horizons, donc c'est BAC-5 à BAC+5 comme on dit et tout background sociaux aussi à réaliser leur potentiel par l'entrepreneuriat social, donc ce qu'on appellerait aujourd'hui par les entreprises un impact positif et donc je suis profondément convaincu que beaucoup, voire la majorité aujourd'hui des entrepreneurs qui créent une entreprise le font avec cette envie, ce désir d'avoir cet impact positif sur le monde. Alors, quand on fait ça, tu en as très bien parlé, je trouve, tu parles de "sticker" à son ADN, de ne pas déroger, ce que j'ai certainement ressenti moi dans une grande entreprise comme Microsoft et aussi chez Live for Good, c'est qu'il y a quelque chose de fondamental, ce qu'on appelle la culture d'une organisation de l'entreprise et une culture, c'est des gestes, c'est des comportements, c'est pas que des mots sur un slide et des valeurs, c'est comment on vit et on prend les décisions les plus compliquées d'une entreprise au quotidien et les plus belles aussi. Et alors, pour prendre un petit exemple chez Microsoft, mais très rapidement, il y a quelques… 6 ans, parce que Microsoft a déjà atteint ses 45 ans, donc nous on a quelques années derrière nous. On a décidé aux côtés de Satya Nadella d'entamer une très grande transformation de l'entreprise pour faire évoluer un peu notre culture et notamment avec quelques attributs très importants qu'on n'avait pas et qui nous semblaient essentiels pour avoir un futur, l'état d'esprit apprenant et la croissance de son esprit. Alors, en anglais, on appelle ça le gross mindset, je ne sais pas si tu as entendu parler de ce bouquin sinon j'aurais le plaisir de te le remettre tout à l'heure c'est un ouvrage fantastique qui a été écrit déjà il y a pas mal d'années, qui vraiment donne envie de se dire, on a chacun d'entre nous un peu deux types d'esprit, l'esprit qui sait tout toujours tout de suite, il dit, je sais, oui, j'ai fait, donc, fait comme ça, donc voilà on avance et on est on est certain de tout et puis un esprit qui dit, en fait, je peux apprendre ça, même des choses auxquelles qu'on m'avait dit que je serais incapable d'apprendre, ça c'est le gross mindset, mais je m'arrête là, mais il y a aussi d'autres attributs comme la diversité et l'inclusion réelle dans les modes de pensée et puis l'obsession du client. Alors, l'obsession du client, j'aimerais en parler avec toi parce qu'en t'écoutant, en voyant tes posts sur Instagram, etc., c'est très clair que Respire, ça respire l'obsession du client depuis le début, j'ai l'impression. 

 

JUSTINE HUTTEAU: En effet. 

 

JP: Et voilà, alors comment tu peux expliquer comment tu as mis en place de manière peut-être intuitive, ce n’était même pas un état d'esprit académique en disant être obsédé par les clients chez Respire… comment dès le début et maintenant parce que ça a grandi, c'est plus les quelques centaines de fans du début. Comment tu fais évoluer cette culture auprès de tes équipes et puis maintenant de millions de clients finalement ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: L'obsession du client en effet, ça me parle énormément quand tu le dis et comme tu le dis, ça a été intuitif. En fait, ça n'a pas du tout été une stratégie de base de se dire on va être consumer centric, et on va absolument être tourné juste vers le client. En fait, ce que ce que je n'ai pas dit au tout début, c'est que quand j'ai lancé Respire, j'étais déjà sur les réseaux sociaux puisque j'ai fait une thèse de fin d'études sur les communautés digitales, et donc durant cette thèse je me suis mise sur les réseaux sociaux et mon objectif était de créer une communauté autour de passionnés de course à pied vu que c'était ma passion à l'époque et donc de commencer à échanger avec ces personnes et étudier cette communauté digitale. Et donc, au bout d'un an et demi moi j'avais déjà 20 000 personnes qui me suivait donc quand j'ai lancé Respire, j'avais déjà 20 000 personnes qui me suivaient sur Instagram, ce qui est clairement non négligeable… 

 

JP: C'est clair. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …mais du coup quand j'ai voulu… en fait les premières pensées que j'ai eues sur Respire… je me suis dit, en fait je vais juste en parler à cette communauté et je vais leur demander ce qu'ils en pensent, parce que je ne vais pas créer un déodorant qui répond uniquement à mes attentes. Et donc, dès le départ de manière très intuitive, j'en ai parlé et j'ai eu des retours hyper intéressants. Donc, on était avec Thomas, parce qu'il faut le rappeler, je ne suis pas toute seule à bord de Respire, on est 2 cofondateurs, donc j'étais avec Thomas qui lui, a un an de plus que moi et j'écrivais à cette communauté, j'ai envie de lancer une marque qui s'appellera Respire, est-ce que vous êtes prêts à venir me rencontrer pour que je vous dévoile un peu ce que c'est et puis pour m'aider. Et en fait, il y a eu tellement de gens qui étaient prêts à nous aider qu'on a organisé des sessions, toutes les semaines, de rencontres, donc c'était bien avant qu'on se lance, dans notre espace de coworking, pour rencontrer 10/15 personnes à chaque fois qui nous donnaient leur avis. Alors, dès le début, ça s'appelait donc les Respire clubs, à un moment, on a mis un nom dessus et on leur posait des questions… déjà je leur demandais de tester la formule, je leur demandais de sentir le parfum, je leur posais des questions sur les messages que j'allais transmettre, sur ce qu'il y avait écrit sur le packaging et donc, on a complètement co-créé le produit ensemble. Un exemple concret qui est sur le packaging et qui a été co-créé à ce moment-là, c'est le drapeau français. Sur tous nos packagings, il y a le petit drapeau avec écrit made in France. Voilà, et en fait, au début je moi je trouve que ça faisait kitsch d'avoir un drapeau bleu blanc rouge sur un déodorant et en fait ils m'ont dit, mais vous êtes français, made in France, soyez en fiers… 

 

JP: Revendiquez. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà, mettez-le en avant. Donc, on a eu de vrais inputs finalement de la part de cette communauté dès le départ. Ça, c'est la première étape. Deuxième étape, on s'est lancés via un crowdfunding, une campagne de financement participative et là en fait, les premiers contributeurs, ce sont notre communauté, donc c'est eux qui ont aidé à ce que la marque se lance. 

 

JP: Et c'était un peu de pression, je crois, quand l'argent est arrivé et qu'il fallait livrer le produit, c'est ça… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Complètement. Ce crowdfunding, c'est fou, ça a duré un mois, ça a été de la communication intense pendant un mois, parce que faire connaître notre projet alors que finalement personne quasiment n'en avait jamais entendu parler et donc on a prévendu 21 000 déodorants en un mois, on a levé 250 000 euros. À la fin de ce mois de crowdfunding, il a fallu… donc on avait six mois pour fabriquer tous les déos. Moi au début, je pensais qu'on allait en vendre quelques centaines et que j'allais les livrer à vélo. Pas du tout, 21 000 déodorants, il a fallu trouver un logisticien, déjà faire la production et tout mettre en place et donc une fois qu'on a livré en mai 2019 tous ces déos, là ça a été incroyable, la communauté a été d'un soutien énorme avec énormément de bienveillance on leur a livré le produit et ils ont… Je les ai encouragés à prendre en photo leurs produits, le partager sur les réseaux sociaux, enfin je les encourageais, mais en même temps, c'est toujours un challenge de se dire, voilà est-ce que quelqu'un va vraiment prendre son déodorant en photo et bien, pari réussi, 21 000 déodorants livrés en même temps et plusieurs centaines et mêmes milliers de photos de déodorants qui déferlaient sur les réseaux sociaux. Donc, il y a eu un bouche-à-oreille énorme, donc cette communauté nous a énormément aidés et donc cette obsession du client elle est venue aussi… enfin elle était déjà présente, mais là on s'est dit OK, alors là on a lancé, tout le monde entend parler de Respire, je reçois des questions dans tous les sens, nos produits sont disponibles sur notre site internet qu'on vient de lancer, mais où est-ce que les gens veulent le retrouver. Donc, j'ai simplement demandé à notre communauté, où est-ce que vous souhaitez retrouver les produits ? Et là, j'ai eu, je me souviens, un post que j'avais fait sur LinkedIn… Mais j'ai eu des milliers de commentaires et ce qui était fou, c'est que la communauté taguait les distributeurs donc Monoprix qui a été tagué plusieurs centaines de fois… 

 

JP: Super, celui-là, il n'y va pas, pas question. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà, Nature et découverte, Décathlon, Sephora, et donc ça à tagué les distributeurs et du coup les distributeurs c'est eux-mêmes qui sont venus nous chercher, on m'a dit, attendez… 

 

JP: Ils ont dit, tiens il y a de la demande. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Il y a de la demande, j'ai l'impression qu'on vous veut chez nous et donc on a eu les portes ouvertes à plein de distributeurs, aujourd'hui on est dans 3 000 points de vente, Monoprix, Sephora, Marionnaud, Nocibé, même des pharmaciens qui nous ont référencés. Donc, vraiment ça a été demander aux clients où est-ce que vous souhaitez nous retrouver et ça a continué depuis deux ans et demi maintenant c'est tout le temps poser la question aux clients, qu'est-ce que vous voulez comme produit ? Où est-ce que vous souhaitez nous retrouver ? Qu'est-ce que vous voulez qu'on organise comme événement et donc on essaye aussi de les surprendre en étant créatifs, en trouvant de nouvelles idées et plus récemment donc je parlais de ce Respire club au début qui était complètement spontané, authentique, basé un peu sur juste des échanges, voilà, pas du tout structurés et en fait, ça nous a tellement aidés à développer nos produits qu'on s'est dits, déjà pour des raisons business et environnementales, c'est super important de développer les produits que les clients recherchent pour ne pas qu'il y ait des produits qui traînent sur les tablettes de supermarché sans être vendus et donc on a créé de manière plus concrète début 2021, La Ruche… 

 

JP: La Ruche. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …qui est une communauté dans la communauté. Donc, concrètement, c'est un compte Instagram privé avec plusieurs centaines de personnes aujourd'hui, mais moi j'ai l'ambition que ce soit plusieurs milliers de personnes dans quelques années et ce sont uniquement des testeurs et des co-créateurs de Respire et donc en fait… déjà on leur demande quels produits ils souhaitent qu'on développe et à chaque nouveau produit, nous en interne donc c'est quand même plusieurs longs mois de travail pour trouver les bonnes formules et une fois qu'on arrive à une ou deux formules qui nous plaisent vraiment, on les fait tester à La Ruche, donc c'est tests grandeurs massif, c'est minimum 100 personnes qui les testent… 

 

JP: C'est un vrai jury ! 

 

JUSTINE HUTTEAU: …et en fait, on les fait venir à la maison Respire, donc dans nos bureaux où nous sommes et la communauté vient chercher les petits échantillons ou alors on les envoie aussi pour pas que ce soit uniquement adressé aux Parisiens et on leur demande de tester le produit pendant une à deux semaines et on leur envoie un Typeform, un questionnaire qu'ils doivent remplir et en fait, ça nous permet d'avoir de vrais retours sur ce produit-là alors ce qui est ouf, c'est que cette communauté est quand même très très très exigeante, on pourrait se dire c'est que des fans, donc en fait ils sont biaisés, mais pas du tout, ils sont hyper exigeants et nous on s'est imposé que si on n'atteint pas 4.5 sur 5 à ces questionnaires, on ne sort pas le produit… 

 

JP: Vous ne sortez pas le produit. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Donc, en fait, on a complexifié complètement, maintenant, le processus de développement d'un produit, mais c'est ce qui nous permet de mettre des produits sur le marché qui plaisent vraiment et qui sont super bien notés et qui ont ensuite 4.5 sur 5 sur les avis et donc toutes les personnes ont envie de les tester et surtout il y a un repeat derrière, les gens les rachètent. 

 

JP: Je t'arrête quelques secondes… non, mais c'est fantastique, tu donnes vraiment… ça pourrait être un case study, je pense dans l'université où tu étais au Québec où quel que soit l'endroit sur la planète, parce que c'est vraiment l'exemple d'une marque née avec et par ses clients quoi, conçu avec, c'est extraordinaire… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: …et on y reviendra tout à l'heure, Justine, c'est savoir comment tu vas faire grandir ça, parce que lier les volumes, on rajoute des zéros derrière en nombre de personnes, de clients, et la complexité, l'échelle aussi est importante. 

 

Alors, tu as été désignée il n'y a pas longtemps par B.A. Boss, entrepreneur de l'année, il y avait un super podium, d'ailleurs tu étais aux côtés de Julie Chapon, Yuka, Jean Guo, Konexio, tout en haut du podium et tu m'as dit tout à l'heure, on démarrait le podcast, je vais à une petite remise ce matin, tout simplement, les Forbes et moins de 30 ans… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est ça, exactement. 

 

JP: Donc, voilà, d'abord mille bravos. C'est fantastique, c'est exceptionnel cette reconnaissance. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Merci, c'est vrai que c'est super gratifiant. Alors après c'est moi qui les reçoit parce que j'incarne la marque et je suis au devant de la scène, mais c'est des prix pour toute l'équipe en fait, c'est vraiment… et j'essaye de leur partager au maximum, parce que c'est grâce à eux que Respire en est là bien sûr. 

 

JP: Bien sûr, l'équipe et puis tous tes clients qui te portent… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. Les clients, ces contributeurs et ces testeurs. 

 

JP: Alors, justement, tu incarnes vraiment… c'est pour ça que je souhaitais t'avoir rapidement dans mon podcast… français, cette génération d'entrepreneures, un impact positif et je t'avoue que moi, ce n’est pas une surprise pour moi, je te parlais tout à l'heure rapidement de mon association Live for Good que j'ai créée avec ma fille il y a six ans, plus de la moitié de nos 256 repreneurs sont des femmes en fait… 

 

JUSTINE HUTTEAU: OK, génial ! 

 

JP: Donc déjà, c'est clair… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est qu'il y en a de plus en plus. 

 

JP: … il y a en a de plus en plus, c'est dans l'ADN et la question que je voulais te poser justement Justine, est-ce que tu vois aussi cette tendance qui grandit chez les femmes, jeunes, moins jeunes, à devenir entrepreneurs et quel serait ton premier conseil pour celles qui songent, mais qui n'osent pas et qui se disent… mais toi à l'époque, tu y pensais déjà, mais tu disais, c'est 40 ans, c'était le plan de carrière, mais celles qui ont, voilà 18, 19 ans, 25, 30 ans ou même plus plus âgées comme l'ont été ta grand-mère ou autre… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est ça, il n'y a pas d'âge pour entreprendre, clairement. 

 

JP: C'est quoi le conseil pour se lancer quand on n'ose pas et qu'on est une jeune fille ou une femme et on se dit, non, c'est pas pour moi. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Alors, en effet, j'en vois de plus en plus des femmes entrepreneurs et ça c'est ma plus grande fierté de voir qu'il y a des femmes qui m'écrivent tous les jours pour me demander des conseils justement, pour me dire qu'elles se lancent. 

 

Je trouve ça vraiment génial et puis ce que tu dis en plus dans ton association, que tu as plus de la moitié des femmes qui sont dedans, qui ont envie de se lancer, donc c'est une vraie volonté et un vrai élan, je trouve, de solidarité féminine à se lancer. Ce que j'ai envie de leur dire à ces femmes, de vous dire, c'est en fait, n'ayez pas peur déjà, parce que vous vous sentirez très bien à votre place. En fait, on me demande souvent depuis que j'ai lancé Respire… des journalistes notamment, me demandent souvent, et ça fait quoi d'être une femme dans ce milieu où finalement il y a beaucoup d'hommes aux têtes des grands groupes ? Je leur dis, ce n’est même pas une question, je me sens bien où je suis et au contraire, vu que l'entrepreneuriat féminin et de plus en plus valorisé, j'ai le sentiment que Respire est encore plus mis en avant, encore plus soutenu par la communauté, parce que je suis une femme, parce que c'est incarné par une femme, alors que si ça avait été incarné par Thomas mon co-fondateur que j'adore, ça aurait peut-être été différent. Donc, vraiment n'ayez pas peur d'y aller, parce que c'est encore plus valorisé en étant une femme, voilà et après un conseil… bon alors là qui s'applique vraiment que ce soit aux hommes ou aux femmes, mais un conseil qui m'a vraiment aidé dès le début et que je continue de me répéter, c'est cette phrase, le mieux est l'ennemi du bien, c'est n'attendez pas de chercher la perfection pour vous lancer… 

 

JP: Elle n'est pas de ce monde la perfection. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà ! Allez-y, en fait, on ne trouvera jamais la perfection, parce que c'est quoi la perfection ? Donc, allez-y et puis voilà votre produit, il est bien tel qu'il est, c'est une V0 et puis y aura une V1 derrière et l'exemple que je peux vous donner sur Respire, c'est que notre premier produit, c'est un déodorant naturel on a testé 62 formules différentes avant d'avoir la formule qu'on a lancée et encore, je me souviens que la docteur en pharmacie Véronique avec qui je développais le produit, un moment m'a dit, mais Justine, il faut lancer là, la formule elle est très bien et moi j'étais, mais non, on peut encore faire mieux, elle m'a dit, ça fait 9 mois qu'on fait de la recherche et développement… 

 

JP: Il faut y aller. 

 

JUSTINE HUTTEAU: On le lance et on fera une V2 derrière. OK et bien en fait, j'ai lancé et j'avais des doutes quand même, mais aujourd'hui je ne regrette rien, parce que c'est avec ce déodorant que Respire s'est fait connaître, j'en ai vendu plus de 2 millions et récemment en septembre, on vient de lancer un nouveau déodorant dans une gamme unique différente qui est en format solide, qu'on a développé cette fois avec la communauté, encore plus de personnes de la communauté… 

 

JP: En combien de mois alors maintenant ? C'est plus 9 mois de… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Là, ça a été 18 mois. 

 

JP: Ah donc, c'est un peu plus long… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Le double. Et en fait, cette fois on l'a développé avec les personnes de la communauté qui n'aimaient pas mon premier déodorant. Donc, sachez que votre produit il ne plaira pas à tout le monde. Personne n'est parfait, donc allez chercher les personnes qui n'aiment pas votre produit, bon il faut quand même que ce soit une minorité, parce que sinon… voilà, il faut quand même que votre produit soit bien quand vous le lancez, mais voilà vous allez chercher les personnes qui ne sont pas convaincus et allez travailler la V2 avec eux et donc, le mieux est l'ennemi du bien, vraiment, lancez-vous et n'attendez pas que votre produit soit parfait, sinon vous ne vous lancerez jamais. 

 

JP: J'adore ça, alors, Justine, tu parles de plein d'exemples où tu as appris en faisant… tu parlais de cette V1, cette V2, etc. Alors, tu as fait en même temps aussi des études dans une très bonne école de commerce et université au Québec, etc. Tu as appris beaucoup et de manière différente et j'aimerais comprendre justement comment tu utilises à la fois les réseaux sociaux, parce que c'est clairement une source plus que d'inspiration, de création de produits, de satisfaction client et plus d'engagement quelque part d'impact positif aussi, mais les autres rencontres que tu fais aussi au travers de ta vie pour continuer à apprendre, à grandir finalement en tant que CEO de Respire, créatrice de Respire… quelles sont tes sources d'apprentissage, qu'est-ce que tu fais, où tu vas pour apprendre, à part bien sûr mon podcast du leadership positif humblement, juste pour rigoler un petit peu… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est un très bon point, parce que je pense que la réponse je ne l'ai pas encore totalement puisque tous les jours je me dis, comment apprendre plus, comment aller chercher plus d'informations et être meilleure demain que ce que je suis aujourd'hui. Alors, en effet, depuis le début de Respire, enfin depuis mes premiers pas dans l'entrepreneuriat, les podcasts, j'ai toujours trouvé ça super, donc en effet ton podcast est une très bonne chose, si vous m'écoutez c'est que vous êtes déjà en train d'essayer d'apprendre, enfin dans une phase d'apprentissage, donc j'ai écouté de nombreux podcasts et je continue aujourd'hui dès que j'ai un peu de temps dans le métro ou autre à en écouter ou quand je vais courir. Et ensuite, c'est par les rencontres, les rencontres, donc je provoque ma chance, je provoque les rencontres. Au tout début, je voulais aller rencontrer des entrepreneurs, parce que même si j'écoute les podcasts et qu'ils donnent de super conseils, parfois on a envie de leur poser notre question à nous, on a envie qu'ils répondent à la question qu'on a et donc, on se rend compte que les entrepreneurs… enfin moi par exemple, je fais plein d'événements partout, il y a… même à la maison Respire, il y a plein de moments où en fait, de jeunes entrepreneurs peuvent venir me rencontrer. Quand ils m'écrivent sur Instagram, c'est un peu compliqué, je ne peux pas répondre à tout le monde et quand ils viennent me rencontrer, en fait, je leur partage, je réponds à leurs questions, je leur donne les conseils qui sont adaptés à leurs projets et donc moi, c'est ce que j'ai fait et c'est ce que je continue de faire aujourd'hui, d'aller rencontrer des personnes. Alors, aujourd'hui, c'est… j'allais dire moins des entrepreneurs, mais si c'est toujours des entrepreneurs, mais c'est aussi des personnes de grands groupes qui sont passées par là, qui sont aussi dans la cosmétique et qui finalement ont les mêmes difficultés que moi, vivent les mêmes choses, il y a des sujets RH notamment, moi je suis arrivée chez Respire, j'avais 24 ans, on était 2, aujourd'hui on est 30. En fait, comment on fait pour gérer une équipe et aujourd'hui je ne dis pas que j'ai trouvé la clé ni que j'ai mes réponses, mais je m'inspire d'autres personnes, je mets des choses en place, récemment j'étais avec Julie notamment de Yuka qui me dit, moi j'ai mis en place toutes les semaines, le vendredi un questionnaire anonyme où les personnes de l'équipe peuvent me dire comment elles se sentent. Super, je suis en train de le mettre en place dans l'équipe Respire, parce ce que je trouve que c'est super… 

 

JP: Donc, tu t'inspires de best practices, de choses qui ont été faites ailleurs… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est ça. Et sinon, il y a autre chose, moi qui me qui me fait apprendre et depuis longtemps, c'est les athlètes, et je continue d'aller rencontrer des athlètes, parce que je trouve qu'ils ont une mentalité qui est incroyable, c'est une mentalité avec un objectif de vie, c'est la médaille d'or aux JO pour la plupart… 

 

JP: Alors quel est l'athlète que tu as rencontré, qui t'a vraiment impressionné inspiré le plus ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Il y en a plein, mais je dirais Martin Fourcade. Martin Fourcade c'est l'un des athlètes qui m'impressionne le plus puisque lui il était le meilleur de toute sa catégorie et il était le champion du monde et donc comment on fait pour être encore meilleur demain quand on n'a plus personne à battre à part soi-même. 

 

JP: Quand on a tout gagné… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà ! Et donc, c'est cette mentalité de se dire, j'ai envie d'être encore meilleur demain… moi, je me suis toujours inspirée de ces athlètes… de se dire OK, on a un objectif, on a plusieurs objectifs, mais on se fixe des objectifs à long terme atteignables, mais on va travailler très dur pour cet objectif et on va être capable de faire des concessions pour ça. Donc, en effet, j'apprends sur des méthodes, des best practice auprès d'entrepreneurs, auprès de personnes de l'industrie, mais j'apprends aussi auprès d'artistes, d'athlètes pour la philosophie de vie qui qui m'aide à être aussi exigeante avec moi-même et combattante au jour le jour. 

 

JP: On sent que tu as cet esprit combattant, on sent aussi que tu dois avoir une discipline de fer derrière ce très beau sourire que tu as en permanence, on pense qu'il y a beaucoup de travail, beaucoup beaucoup de travail, je pense. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je pense que rien n'arrive sans le travail. 

 

JP: Ce n’est pas simplement tout simple. Alors, justement quand tu échanges un petit peu avec toutes ces personnes que tu rencontres, ça peut être des athlètes, ça peut être des dirigeants d'entreprises, des grandes et des entrepreneurs de start up, etc. et tu le disais un petit peu, tu échanges notamment sur le leadership, alors je ne sais pas si c'est le terme leadership, mais quelque part, c'est ça, c'est-à-dire comment tu motives, tu fais grandir tes équipes, des talents, comment tu vas les attirer, parce que c'est important d'avoir les meilleurs talents… 

 

JUSTINE HUTTEAU: En effet, c'est un très bon point. 

 

JP: …d'avoir des gens plus forts que soi, qui vont t'apporter plein de choses que tu ne sais pas faire, que tu ne sauras jamais faire. Comment tu vois où tu perçois un certain nombre de ces tendances, de ses besoins en matière de leadership, que tu vois surtout dans cette nouvelle génération d'entrepreneurs que tu incarnes ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Le leadership, c'est tout un mot et en même temps, c'est tellement de choses et je pense que d'ailleurs mon leadership, notre leadership à Thomas et moi a énormément évolué dans les deux dernières années, mais il reste quand même collé à notre personnalité et aujourd'hui… alors au tout début, moi je me suis beaucoup remise en question dès le début de Respire quand on a commencé à avoir nos premiers salariés, je trouvais que Thomas, il avait ce côté à la fois dur, à la fois exigeant avec les équipes et que moi, j'étais… j'avais du mal à taper sur la table, à dire non à des choses, ils avaient plein d'idées, j'avais envie de dire oui à tout, parce qu'ils avaient des étoiles dans les yeux quand ils m'en parlaient… 

 

JP: Donc, il y avait le good guy, le bad guy. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Voilà ! Et en fait, je me suis beaucoup remise en question et finalement j'ai accepté que je suis quand même… moi je suis là good cop et j'ai la chance d'avoir mon bad cop avec moi au quotidien. Alors, je suis quand même devenue un peu une bad cop, parce qu'il ne faut pas non plus être good cop dans le pays des bisounours tous les jours, mais bon il faut aussi avoir sa personnalité et comprendre comment les équipes vont grandir avec nous, donc moi je suis beaucoup dans un management bienveillant, dans l'accompagnement, je suis quelqu'un de très empathique, alors parfois ça peut me faire défaut, mais je pense que l'empathie a quelque chose de bon aussi et ce que je pense, c'est qu'il faut que les équipes, aujourd'hui, elles se sentent bien dans l'environnement dans lequel elles travaillent, qu'elles se sentent heureuses, épanouies, c'est comme ça qu'on va attirer aussi de nouvelles personnes pour venir travailler chez nous, donc il y a leur apporter un environnement de travail qui est agréable, donc que ce soit nos bureaux, que ce soit la flexibilité avec le télétravail, bon ça c'est un peu partout, mais je dirais aussi que ce soit une ambiance de travail où aujourd'hui Respire, on est une équipe de 30 et on est… alors, j'ai envie de dire on est à la fois une équipe de travail, mais aussi une équipe d'amis. Hier midi, ça aurait été drôle que vous soyez au bureau, mais c'était raclette hier midi au bureau… 

 

JP: C'était journée raclette… 

 

JUSTINE HUTTEAU: … Alors, ça sentait le fromage, ce n’était pas top, mais voilà, on fait des choses ensemble. Alors, il y a des fois on mange la raclette, il y a des fois, on va courir ensemble pour se défouler un midi, on fait des séances de sport… elles me font rire les filles quand d'un coup, il y a une coach qui vient et qu'il y a séance de sport au milieu des bureaux. C'est que les gens se sentent bien, que les gens aient envie de venir au travail… quand ils se réveillent le matin, il faut qu'ils aient envie de venir. Alors oui, il y aura des galères comme pour tous les entrepreneurs, il y aura des galères, il y aura des choses à gérer, ils feront des choses qui n'ont pas envie de faire, mais au moins ils savent qu'ils se sentiront bien et surtout ils se sentiront soutenus à la fois par les collègues, mais aussi par nous finalement les fondateurs et au-delà de se sentir soutenu, c'est se sentir faire partie des valeurs de l'équipe, se sentir faire partie d'une mission et donc la mission de Respire d'aider les gens à prendre soin d'eux et de prendre conscience de la magie de leur corps, j'ai le sentiment que chacun dans l'équipe en a conscience, déjà de la magie de son corps. Ce qui est drôle, c'est que dans notre équipe chez Respire, on a une danseuse de rock acrobatique, on a une danseuse de pole dance, on a une guitariste, on a une fille qui fait de l'équitation. Alors, je parle beaucoup des filles, mais on a aussi des musiciens… 

 

JP: Vous avez de quoi monter un spectacle en fait… 

 

JUSTINE HUTTEAU: On pourrait monter le cirque Respire ! Non, mais c'est génial, il faut que les gens aussi partage la mission et les valeurs de la marque pour se sentir épanouis bien sûr. 

 

JP: Quelles sont ces valeurs alors justement que tu essayes d'incarner de propager… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Les valeurs… on ne les a pas vraiment sur papier, donc c'est difficile de les sortir comme ça, mais je dirais la transparence, clairement apporter de la transparence à nos équipes… enfin à nos clients sur nos formules, mais aussi sur nos équipes, sur notre vision, sur ce qui se passe, donc la transparence, c'est super important, je dirais l'optimisme, je suis quelqu'un de très optimiste, je souris beaucoup, je suis très optimiste, je ne m'apitoie pas sur mon sort, on va de l'avant et donc, j'ai envie d'avoir une équipe optimiste et l'exigence, c'est super important. 

 

JP: C'est un beau triptyque, je trouve, transparence, optimisme et exigence. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Super, eh bien sorti comme ça de mon chapeau. Non, ce sont des valeurs qui résonnent en moi quand même. 

 

JP: Ça se sent et ça se voit et je suis sûr que tes équipes le ressentent et le vivent au quotidien. Alors, en parlant de ça, tu parlais… c'est des choses qui me tiennent beaucoup à cœur aussi… sur le leadership positif… un petit peu selon moi, 3 cercles de développement de leadership positif. Il y a moi, chacun d'entre nous, moi, le soi, il y a moi et les autres et puis il y a moi et le monde. Et dans le moi, il y a ce que tu fais déjà très bien, j'allais dire presque intuitivement, je pense que tu as compris beaucoup de choses là-dessus, sur la manière dont tu gères ton énergie et notamment comment tu gères ton énergie positive, parce que ce qu'on apprend beaucoup avec l'âge… moi j'ai appris, ça m'a pris beaucoup d'années pour apprendre, tu vois, toi tu as appris beaucoup plus vite que moi… c'est qu'on a un pouvoir en nous de pouvoir manager ses énergies et son énergie positive, c'est à la fois une énergie physique, on va y revenir, parce que Dieu sait que c'est important pour toi le corps, le physique, le sang, c'est énergie émotionnelle et puis une énergie mentale. C'est 3 leviers très différents qu'on a tous et alors la question que j'ai envie de te poser, c'est comment tu prends soin de toi, parce que c'est tellement important et je pense que tu apportes une attention toute particulière et assez incroyable et que probablement ça a une valeur d'exemple autour de toi et que ça se diffuse d'ailleurs. 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est une question qui me parle beaucoup puisque la mission de Respire, j'en parlais, c'était le corps est magique, mais notre phrase, vraiment la punchline qui a écrit sur tous nos produits, c'est your body is magic, take care of it, prends en soin, et donc comment on prend soin de soi, je sais pas si j'ai la réponse, mais en effet j'ai beaucoup d'énergie, je pense que j'ai une énergie assez positive, on me le dit très souvent et je m'en suis rendu compte dans les dernières années, je me nourris beaucoup de l'énergie des autres et donc, je suis une extravertie complètement, quand on fait le test MBTI, moi je me nourris de l'énergie des autres et donc, c'est vrai que quand il y a des énergies négatives autour de moi, ce n'est pas que je le vis pas très bien, mais j'aime pas trop, j'essaye de m'en détacher et donc les énergies positives des personnes autour de moi me donnent énormément d'énergie. Après, je pense que j'en donne beaucoup, donc bien sûr, comment je fais pour réalimenter cette énergie, voilà, recharger les batteries… 

 

JP: Recharger tes propres batteries… 

 

JUSTINE HUTTEAU: … et recharger ses propres batteries. J'ai trouvé un peu mes clés, je dirais que c'est avoir un bon équilibre et pour ça avec Thomas dès le début, on a voulu avoir un équilibre sain, c'est-à-dire quand on est entrepreneur, on se dit tout le temps, il faut que je travaille comme un malade, je vais dormir 3 heures par nuit et comme ça, j'aurais fait un maximum de choses et je vais avancer plus vite. Eh bien non, en fait, parce que si on dort 3 heures par nuit, demain… 

 

JP: On n’y arrivera pas, au bout de quelques semaines, c'est fini. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. On ne sera pas opérationnels. Donc, avoir un bon équilibre, être capable de couper à une certaine heure. Donc moi, je me force tous les soirs à couper à 21 h, bon parfois j'ai des événements de travail… 

 

JP: Tu coupes tous tes devices, téléphone, etc. aussi ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Oui, c'est ça, le téléphone je le mets de côté. Oui parfois j'ai le What'sApp de mes parents, oui je réponds encore après 21 h quand même, mais voilà je vais plus sur Slack après 21 h, je ne vais plus communiquer avec mon équipe. Déjà, c'est plus sain pour mon équipe clairement, et puis pour moi-même et donc, je m'oblige à dormir 7 à 8 heures par nuit… je dis ça, mais c'est plutôt 7 h quand même, mais voilà, si je dors moins que 7 heures, je sais que le lendemain, je vais être fatiguée, je vais un peu broyer du noir donc, c'est super important de trouver son bon équilibre, bien dormir, bien se reposer, prendre des vacances, alors pas souvent… enfin pas souvent… moi je ne peux pas dire que j'en prends souvent… 

 

JP: Tu prends combien de jours de vacances actuellement ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je ne sais même pas dire, je ne compte pas du tout… 

 

JP: C'est quelques moments que tu choisis… 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est en fait, par moments, je sais que tout d'un coup j'ai eu trop de choses, j'ai enchaîné des semaines hyper remplies… 

 

JP: Intenses. 

 

JUSTINE HUTTEAU: …Et c'est normal, parce que j'accepte énormément de choses, parce que quand c'est positif pour Respire, il faut y aller, mais il y a des moments où tout d'un coup, je me sens… j'ai plus d'énergie, eh ben hop, je suis capable de prendre un week-end plus 2 jours, donc je prends 4 jours, je pars à la montagne, je vais me ressourcer, je coupe le téléphone pour le coup et donc, être capable d'identifier ces signaux faibles, ces moments où on se sent un peu moins bien, et être capable de se dire OK, eh bien non, en fait là c'est stop, j'arrête et je vais prendre 2 jours pour me ressourcer, c'est super important, je le fais depuis le début et je pense que ça m'arrive 2 fois par an un peu de péter les plombs tout d'un coup et de partir et il n'y a que comme ça que je me sens mieux derrière. Et sinon, l'autre face de mon équilibre, c'est le sport, faire du sport… je suis toujours autant passionnée de course à pied, alors bien sûr j'en fais moins… 

 

JP: C'est impressionnant ce que tu fais… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je dis que j'en fais moins, mais fin septembre, je courais encore les 120 kilomètres dans le désert, là il y a 2 semaines, j'étais à un trail de 45 km à Annecy, donc, je n’en fais toujours pas mal, mais par contre je ne me mets plus la pression, je ne me mets plus la pression de temps, comment dire, de chrono… 

 

JP: De compétition. 

 

JUSTINE HUTTEAU: C'est ça, je vais faire un 45 km à Annecy, j'ai mis 9 heures, eh bien, ce n’est pas grave, j'aurais pu à l'époque mettre 7 heures, mais c'est pas grave si je mets 9 h et juste, au moins je me fixe mes petits objectifs sportifs qui me font toujours du bien à la tête et au corps et du coup la semaine, vu que j'ai ces objectifs, je suis obligée d'aller m'entraîner un petit peu, donc d'aller courir… j'essaye 2 à 3 fois par semaine d'aller courir entre 5 et 10 km. Ça permet d'aérer l'esprit. Parfois, on n'a pas envie d'y aller, on se dit, j'ai pas le temps, mais en fait, ça permet de respirer. 

 

JP: Non, c'est fantastique et je pense que ce que tu dis est tellement vrai. J'ai ce podcast qui va sortir aussi Arianna Huffington, que tu connais sans doute aussi qui a écrit ce bouquin Thrive il y a quelques années et elle parle exactement de ce que tu dis, mais toi tu le fais, elle, elle a réalisé comme moi très tard qu'il fallait dormir 7/8 h, parce que moi aussi je n’ai pas respecté mon sommeil pendant des années, c'est une erreur énorme… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Mais c'est parce que j'ai écouté les personnes comme toi qui donnent ces conseils… 

 

JP: Non, c'est une erreur énorme et maintenant, tu vois, j'ai même une bague qui mesure avec des capteurs la qualité de mon sommeil, mon REM, mon deep sleep, etc., enfin bon, c'est des choses vraiment très sérieuses et je pense que ce que tu fais en prenant soin de ton corps, en montrant l'exemple, c'est le moto aussi des entreprises quelque part… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: Tu le vis… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je ne peux pas le dire et ne pas le faire. 

 

JP: Non, voilà, c'est fabuleux. J'aimerais revenir peut-être… une ou deux questions à nouveau si tu veux sur la manière dont vraiment tu t'immerges, tu te nourris et tu nourris cette communauté à nouveau via les réseaux et au-delà des réseaux, parce qu'il y a aussi du "phygital" il y a des rencontres physiques que tu fais avec tes petits groupes de clients… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Bien sûr. 

 

JP: …ceux qui ne sont pas contents ou ceux qui vont t'aider à développer de nouveaux produits dont tu parlais de la marque Respire. J'ai vraiment l'impression… bon pour toute une génération d'entreprises, on voit que c'est le cas, mais ce n’est pas si simple de trouver la sauce secrète comme on dit, pour que ça marche, c'est pas le tout de dire, oui j'ai mon compte Instagram, j'ai mon truc, etc., ça va marcher… Non, ça ne suffit pas. J'ai vraiment l'impression que se joue vraiment la clé de création de succès d'une marque et de son futur au quotidien avec cette transparence, parce qu'on paye cash ce qu'on fait bien ou pas bien… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: …dans ce qu'on dit ou ce qu'on fait ou ce qu'on ne fait pas qu'on avait dit qu'on aurait fait. Comme tu vois ça, alors que la marque est en train de grandir vraiment très vite, très rapidement, au-delà des frontières aussi largement, donc il y a aussi cette notion culturelle de tas d'autres pays du monde… comment tu te vois toi avec le temps que tu y consacres, l'énergie positive que tu y consacres… évoluer, voilà dans les 12/24 mois qui viennent, je ne parle pas de 5/10 ans, mais vraiment… est-ce que tu as un plan ou tu prends au jour le jour et tu dis voilà, c'est comme ça qu'on va évoluer. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Elle n'est pas facile cette question. 

 

JP: Oui, je sais qu'elle n'est pas facile. 

 

JUSTINE HUTTEAU: En effet, il n'y a pas de plan, enfin, il n'y a pas de plan et en même temps ce serait bien qu'il y en ait un peut-être, mais il y a beaucoup de spontanéité et c'est ce qui crée aussi… c'est ce qui fait que c'est authentique, il y a beaucoup de contenu authentique depuis le début sur les réseaux sociaux, donc ceux qui ne connaissent pas Respire sur les réseaux sociaux, c'est vrai que je prends très facilement mon téléphone pour faire une story en selfie et raconter les coulisses de la marque, montrer au-delà en fait de ce que les clients peuvent voir du produit, montrer les coulisses de la marque et c'est ça en fait le succès d'Instagram, le CEO d'Instagram en parlait, c'est qu'est-ce qui fait le succès d'Instagram, c'est qu'en fait, on peut y trouver ce qu'on ne trouve pas dans les médias. Donc, clairement ce qu'on ne trouve pas à la télé, donc c'est pendant la Coupe du Monde, aller voir MBappé dans les coulisses finalement, parce que ça les journalistes, ils n'y ont pas accès… 

 

JP: C'est sûr. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Donc, c'est super important d'aller montrer les coulisses. Enfin moi, je trouve que c'est ce qui a créé cette proximité, cette légitimité à la marque et cette transparence en effet. Alors, bien sûr, c'est à la fois une force d'avoir incarné la marque dès le départ et d'avoir créé du coup cette confiance avec les consommateurs, ils savent à qui ils s'adressent, ils savent que si le déodorant ne leur plaît pas, c'est à Justine Hutteau qu'ils peuvent s'adresser, mais en même temps, il y a un risque, puisque c'est ce qu'on appelle le... c'est comment on fait pour que la personne qui incarne la marque s'en détache. Alors après, on va se le dire, j'ai quand même pas appelé ma marque Justine Hutteau comme Alain Afflelou et encore il arrive quand même à s'en détacher, la marque vit sans Alain Afflelou, mais voilà, je suis convaincue qu'un jour peut-être que Justine prendra plus de distance, le personnage Justine sur les réseaux sociaux, même si c'est vraiment moi de manière authentique, mais aujourd'hui ça permet quand même toujours d'aller chercher de nouvelles personnes, d'aller faire connaître la marque, d'aller convaincre et donc, je prends ce rôle très à cœur de prêcher la bonne parole, d'aller raconter mon histoire à toutes les personnes qui ne connaissent pas encore Respire, il y a encore beaucoup de travail, Respire n'est pas Microsoft. Le jour où Respire sera dans toutes les salles de bains, ce sera un pari vraiment réussi… 

 

JP: C'est ça la vision de Respire ? Être dans toutes les salles de bains de la planète ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Ah, j'aimerais dire que oui… 

 

JP: Ça ressemble, tu sais la première vision de Microsoft, c'était il y aura un jour un PC dans chaque chaque bureau et dans chaque foyer. 

 

JUSTINE HUTTEAU: J'adore ! 

 

JP: Et il y aura un Respire dans chaque salle de bains. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Disons il y aura un Respire dans chaque salle de bains, c'est ça. Mais ce que j'aimerais, c'est que Respire soit encore là dans 100 ans. Donc, dans 100 ans, Justine qui aura 127 ans, clairement elle ne sera plus là pour faire des stories. Donc, bien sûr qu'à un moment il va falloir s'en détacher. Après je pense que les 12/24 prochains mois, c'est encore un peu jeune et bien sûr dans notre communication, je ne suis pas celle qui prend la parole tous les jours, il y a de plus en plus l'équipe qui prend la parole, de plus en plus la communauté aussi qui prend le téléphone face caméra et qui explique ce qu'ils aiment des produits, qui font du bouche-à-oreille sur nos produits et c'est ce qui permet que la marque soit incarnée par d'autres personnes qu'uniquement moi. Donc, voilà, et après, c'est à nous d'être un peu créatifs dans notre communication et de trouver de nouvelles idées pour aller toujours chercher et convaincre ces personnes et surtout les divertir, parce que pourquoi on a envie de suivre une marque sur les réseaux sociaux ? C'est parce que ça nous anime, ça nous divertit au quotidien… 

 

JP: …qu'on ait du fun, qu'on ait des moments de plaisir au quotidien. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement. 

 

JP: Justine, mes 2 dernières questions, parce que je sais que tu es attendue après sur le podium de Forbes, alors je ne veux surtout pas te priver de ce moment-là qui sera un très très beau moment. 

Une question qui revient finalement dans la genèse de Respire dont tu as parlé qui est une entreprise qui veut consacrer le corps comme quelque chose de magique, d'important, de prendre soin de soi, c'est quand même une très belle mission, une très belle raison d'être j'allais dire presque, peut-être… comment imagines-tu avec ton organisation, tes équipes, tes clients, enfin tout ce qui te portes, l'impact justement grandissant, positif peut-être que Respire peut avoir dans le monde. Alors, tu me diras oui, par tous les produits qu’on crée, c'est déjà beaucoup de positivité, par la nature même des formules que vous utilisez, toute la réflexion que vous avez sur les emballages, l'économie circulaire et bien d'autres choses… est-ce que tu as une autre idée, grande idée ou pas derrière en te disant je serais vraiment fière de ça dans quelques années sur l'impact de Respire ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: En effet, au-delà des produits qui peuvent avoir leur impact positif clairement sur les comportements de consommation de tous nos clients, c'est vraiment cet état d'esprit j'ai envie de dire de… quand je dis vraiment réaliser que notre corps est magique, c'est réaliser que demain notre corps, il nous permet de tout faire si on a envie de devenir jardinier, si on a envie de venir chanteur d'opéra, si on a envie de changer de métier pour se lancer dans l'entrepreneuriat, si on a envie de se mettre à la cuisine, peu importe, en fait notre corps nous permet ça et notre corps il nous permet aussi de créer des émotions positives qui vont nous faire nous sentir bien et donc justement, je dis, je suis en train d'écrire un livre, mais non, il est fini d'écrire et il est quasiment imprimé, il sort le 12 janvier, ça, c'est un scoop et ce livre s'appelle "Rêver, oser, se dépasser, les dix clés pour prendre confiance en soi et passer à l'action" et donc, pour moi, c'est vraiment le message que je veux faire passer… c'est prenez confiance dans la magie de votre corps et de ce que votre corps peut vous permettre de faire je serai hyper fière si dans quelques années je me rends compte que de plus en plus de personnes ont pris conscience de ça et se sont lancées même en ayant toujours leur vie du quotidien, leur vie de famille, sans changer de métier, juste se lancer dans une activité qui les rend heureux, qui les sort de leur quotidien et qui les rend heureux vraiment dans leur vie. 

 

JP: Non, c'est super. J'ai l'impression qu'on aura l'occasion de se revoir, j'espère pour t'écouter sur ces 10 clés. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Oui. 

 

JP: En tout cas, ça me ferait plaisir de t'accueillir aussi auprès de ma cohorte d'entrepreneurs For Good, c'est le nom qu'on leur donne, parce que je pense qu'ils partagent beaucoup de tes valeurs et de ce que tu propages aussi. 

Ma dernière question justement… tu as déjà commencé à l'aborder avec ce que tu viens de dire, mais on va aller un peu plus loin. C'est finalement 2030. Il se trouve que 2030, c'est un petit peu une date symbolique, Justine, c'est la date à laquelle les Nations Unies ont défini, si tu veux, une atteinte des fameux 17 objectifs de développement durable sur la planète. Tu en as sans doute entendu parler et qui touchent à tout, la pauvreté, l'éducation, l'inclusion, l'alimentation, etc., l'eau, la consommation d'eau, etc. Alors, pour revenir à Respirer et Justine Hutteau, en 2030 à quoi ressemblera ta réussite et celle de Respire et comment vas-tu la mesurer ? 

 

JUSTINE HUTTEAU: Oui. 

 

JP: Si tu veux la mesurer… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Je ne suis même pas sûre d'avoir la réponse aujourd'hui. 

 

JP: Je sais que c'est que c'est très loin, c'est un siècle, mais en même temps ça va tellement vite. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Ça va tellement vite, mais alors en 2 ans déjà Respire ça a été si vite, 2030 ouah, c'est dans 9 ans, j'aurai 36 ans. Alors, j'espère que j'aurai une vie de famille. En effet, ce que j'aimerais, c'est qu'au-delà de Respire, en fait, on a engagé un mouvement dans les cosmétiques où on peut consommer de manière beaucoup plus responsable… je vois de plus en plus de marques qui se lancent, mais aussi de grands groupes qui changent leurs produits aujourd'hui, qui lancent… L'Oréal qui vient de lancer leurs 2 shampoings solides, finalement ensemble on est plus forts et donc on va aller plus loin et donc si d'ici 2030 on peut avoir uniquement des produits cosmétiques sur le marché qui ont un impact environnemental le plus neutre possible, eh bien, c'est là que j'en serai la plus heureuse et pour moi Respire… 

 

JP: …emporter toute l'industrie derrière toi. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Exactement, c'est que Respire aura emporté ce mouvement. Alors, bien sûr il y avait déjà d'autres shampoings solides avant, mais voilà, qu'on soit de plus en plus sur ce marché pour que les consommateurs y aillent. Moi quand je vois des pubs du shampoing solide de L'Oréal, des pubs à la télé, parce que nous Respire, on ne fait pas encore de pub à la télé, c'est génial, ça veut dire qu'ils démocratisent cet usage du solide et donc le fait de consommer mieux. Donc, comment on mesurera notre impact ? Aujourd'hui, je n’en ai aucune idée, ce que j'espère, c'est que clairement de plus en plus de consommateurs auront pris conscience de ça et auront fait leur petit pas, bien sûr avec ce discours qui n'est toujours pas anxiogène, c'est chacun à son rythme et pour ça j'ai déjà un premier engagement qui aujourd'hui est à hauteur de 2022, c'est que je fais partie de la convention des entreprises pour le climat, donc c’est 165 dirigeants qui se réunissent tous les mois pour rédiger une charte en fait sur comment faire évoluer les entreprises pour le climat et justement pour qu'à l'horizon 2030 on ait tous réduit clairement notre impact environnemental drastiquement donc voilà, avec mon petit niveau, je dirais, que je fais partie déjà d'une convention comme celle-ci et j'essaye d'embarquer avec moi d'autres entrepreneurs, d'autres dirigeants d'entreprises pour qu'on aille dans cette bonne direction et aussi d'emporter les consommateurs avec nous. 

 

JP: Écoute, moi je suis certain, c'était ma dernière question, Justine, qu'avec cet optimisme, ce sourire, cette positivité, cette respiration qu'on ressent, qu'on sent dans tes locaux face à toi, tu vas emporter le monde avec toi. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Eh bien merci. 

 

JP: C'est tout le bien que je te souhaite en tout cas. C'était un très très grand plaisir vraiment de passer ce moment avec toi à Justine et je vais me permettre aussi ce que je fais généralement en temps réel pendant ces podcasts, c'est de partager mes 3 enseignements de cette discussion. Ce n'est pas un exercice facile, mais je vais essayer de le faire. 

Alors, je vais démarrer tout simplement par, "ton corps est magique, c'est ta maison, prends en soin," ça, ça me paraît tellement important et c'est l'un des fondamentaux du leadership positif. Le deuxième, parce que finalement tu y es venu naturellement à le formuler, c'est transparence, optimisme, exigence, de très belles valeurs… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Super ! 

 

JP: …et trois très beaux piliers pour faire plein de belles choses. Et puis le troisième finalement, tu as fini avec… j'aime beaucoup, c'est de dire, eh bien tu vas finalement bâtir le changement que tu veux voir dans le monde comme on dit et le fait que tu t'embarques dans cette convention pour le climat et que tu te dises que voilà tous ces produits cosmétiques solides vont être là dans le futur dans chaque salle de bain du monde… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Oui ! 

 

JP: … Eh bien, c'est une sacrée projection d'une vraie réussite, d'une belle réussite que je te souhaite, et donc mille mercis Justine pour m'avoir accueilli très gentiment et je te souhaite plein de belles belles belles choses à toi, les tiens, toute ton équipe et toute ta communauté de clients… 

 

JUSTINE HUTTEAU: Un grand merci. 

 

JP: …et au plaisir de se revoir dans d'autres formats dans d'autres moments. Voilà. 

 

JUSTINE HUTTEAU: Avec plaisir. 

 

JP: Merci à tous d'avoir écouté et j'espère aimer cet épisode avec Justine Hutteau dans ses bureaux, dans les bureaux de Respire dans le 10e arrondissement de Paris. À très bientôt… 

 

JUSTINE HUTTEAU: À bientôt. 

 

JP: Au revoir.