Positive Leadership
Positive Leadership
[FR] Faire en sorte que chaque jour compte (avec Matthieu Stefani)
Serial entrepreneur et animateur vedette du podcast Génération Do It Yourself, Matthieu Stefani est un leader dont l'incroyable appétit pour la vie l'a amené à explorer comment nous pouvons nous donner les moyens de réaliser de grandes choses.
Inspirez-vous de ses techniques pour activer votre état d'esprit de startuper dans le dernier épisode du podcast Positive Leadership.
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JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Matthieu, j'écoute beaucoup tes podcasts. Ta voix, m’est très familière, et une chose qui m'a toujours frappé, c'est ton incroyable niveau d'énergie positive. Tu es quelqu'un qui a un enthousiasme débordant, ça se ressent, pour apprendre toujours plus et une joie de vivre, je pense, qui est assez contagieuse. Donc, ça, c'est une bonne contagion.
Il me semble que ta philosophie, que l'on vit en fait dans tes podcasts, en t'écoutant, avec tes invités, et qui s'exprime aussi finalement dans les start-ups avec lesquelles tu travailles, consiste à aider les personnes, les gens, à tirer le meilleur parti de leur vie en apprenant toujours plus, en étant super curieux, de sorte qu'ils ne seront pas des spectateurs de leur propre vie, mais des participants actifs ou, ce que j'aime souvent à dire, des entrepreneurs de leur vie.
Est-ce que ça reflète finalement le travail que tu fais et la mission un petit peu qui est la tienne, la vision qui en est, et est-ce que ce tu perçois, tu ressens, ce que tu fais aujourd'hui, et surtout l'impact que tu as auprès d’au moins 1 million de personnes ? Est-ce que c'est ça qui te fait vibrer tous les matins quand tu te réveilles ?
MATTHIEU STEFANI : Oui, clairement. Je pense que tu as bien « spotté, » identifié un de mes drivers importants, une de mes missions, c'est que notre vie est suffisamment courte pour qu’on ne passe pas notre vie à la gâcher…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Totalement d’accord avec toi là-dessus.
MATTHIEU STEFANI : Et puis, à la regarder aussi, parce qu’il y a la gâcher et la regarder. Tu parlais d'entrepreneur de sa vie, mais je crois qu’aujourd'hui, j'ai un trigger, enfin, j'ai développé un truc depuis assez longtemps, quand je me dis que j'ai envie de quelque chose, alors je ne parle pas de matériel, hein, d'ailleurs, parce que je trouve ça vraiment très différent. Et quand je me dis, tiens, je me lancerais bien là-dessus, ou tiens, cet univers m'intéresse, j'y vais, quoi.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu y vas ! Je crois que tu es né à Cherbourg en Normandie ?
MATTHIEU STEFANI : Tout à fait.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ton père était médecin, ta maman infirmière. Tu as aussi des racines corses, tu m'as parlé du saucisson corse aussi. Alors, quelles sont les valeurs que tes parents, ta famille, ou les personnes qui comptent pour toi, t'ont inculquées tout petit et quelles croyances t'ont accompagnées, t'accompagnent toujours, aujourd'hui dans tout ce que tu fais dans ta vie, finalement, Matthieu ?
MATTHIEU STEFANI : Écoute, c'est intéressant, il y a des valeurs aussi, valeurs communes. Toi aussi tu as un parent ou deux parents pieds-noirs, je crois…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, tout à fait.
MATTHIEU STEFANI : Moi j'ai des valeurs très méditerranéennes, je crois, dans ma famille, beaucoup de confiance, on serre la main si on se dit quelque chose en se regardant dans les yeux, eh bien, on ne se trahit pas, beaucoup de fraternité, sérendipité, je ne sais pas, mais en tout cas, voilà, on va s’aider et puis voilà, peut-être de la joie et l'envie d'être heureux et de goûter à la vie…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Passer de bons moments ensemble.
MATTHIEU STEFANI : De famille aussi, mais la famille, quand je dis la famille, je ne veux pas que ce soit exclusif, je crois qu’on peut rentrer dans ma famille même si on ne mélange pas le sang, tu vois, je pense que c’est vraiment…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, je comprends, il y a des limites dans…
MATTHIEU STEFANI : Je pense qu’il faut que…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu veux l’ouvrir…
MATTHIEU STEFANI : C’est l’une des choses de CosaVostra qui est la différence avec CosaNostra qui sont des familles dans lesquelles tu ne rentres pas. La CosaVostra, c'est une famille qui est inclusive. L'inclusivité, par moment, est un peu galvaudée comme terme, mais moi, je crois que j'ai ces valeurs très fortes en moi. Je n’aime pas qu'on balance.
Donc, quand tu dis qui a fait ça et que j'en ai un qui me dit, c'est lui, moi ça me… Alors, après, ils ne comprennent pas au début, parce que tu leur dis, mais tu nous as demandé et tu leur dis, oui, mais en fait, tu vois, tu ne dis rien. Puis j'aimerais bien que ce soit celui qui l'a fait qui dise c'est moi, que tu assumes. Je préfère qu’on assume et je n’aime pas trop… Je trouve que cette notion de délation est quelque chose de très compliqué et qui n’est pas forcément internationale. Je pense que les Anglo-saxons sont plus à l'aise avec ces choses-là. En Méditerranée, on n'aime pas trop ça. Il y a aussi des histoires, je pense, de Seconde Guerre mondiale qui nous ont un peu traumatisés. Mais donc, ça là-dessus, nous on s'est toujours un peu fait remonter les bretelles et en Corse, tu sais, l'omerta, tout ça, balancer, ce n’est pas très bien. Donc, ça, on s'est toujours un peu fait gronder quand on balançait les autres et moi, j’aime assez cette valeur.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut laisser faire les gens qui font les choses mal, ce n’est pas ce que je dis…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Les erreurs… Il faut savoir les corriger, les coacher, les aider…
MATTHIEU STEFANI : Tes erreurs, il faut les assumer, mais si tu as quelqu'un qui fait n'importe quoi, tu peux le discuter toi-même, etc.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Il faut savoir lui parler les yeux dans les yeux, gentiment, constructivement…
MATTHIEU STEFANI : Dans un moment où il y a des tas de mouvements où on va éventuellement balancer son porc ou faire ces choses-là… Je ne dis pas qu’on doit fermer les yeux sur les choses, ce n’est pas ce que je dis, c'est très important. Et après, dans les choses, je crois, intéressantes, j'ai été élevé dans une obsession de sortir de la jalousie. Alors ça, c'est marrant parce que j'en ai déjà parlé et ça a interloqué certaines personnes. Il y a des familles dans lesquelles tu vas être élevé avec, si je fais un beau cadeau à untel, je vais faire un beau cadeau à l'autre, à un frère, je vais faire un beau cadeau à la sœur ou à l'autre frère parce qu’on est équitable, pour pas qu'il soit jaloux. OK ? Et moi, j'ai appris autre chose, et je pense que c'est mieux, mais c'est parce que c'est ma famille et que c'est comme ça probablement. Mais c'est, eh bien, cette année, tu sais quoi, ton grand frère, il a eu un super cadeau, et toi, tu auras un tout petit truc.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et comment tu l’annonces ça ?
MATTHIEU STEFANI : Et tu t'écrases et tu es content pour lui. Et ce n’est même pas que tu es content pour lui, c'est que tu es content pour lui. Et un des trucs très forts chez nous, c'est ne regarde pas dans l'assiette de l'autre. Et moi, j'ai appris là-dessus et ça m'a aussi donné certaines valeurs de me dire, ce qu'il y a dans mon assiette, tu sais quoi, je vais aussi aller le chercher moi-même. Alors pas le piquer dans l'assiette des autres, mais le construire, l'élever.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Non, j'aime bien ça et Dieu sait que c'est pas facile dans une famille, dans une équipe, dans une organisation de faire ça, parce que tout le monde cherche des signaux et les interpréter en permanence. Et donc d'être capable de faire ça et de valoriser, et d'avoir le beau cadeau l'année suivante, j'espère pour celui qui l'a pas eu ou celle qui l'a pas eu…
MATTHIEU STEFANI : Exactement, mais ce n’est pas un dû.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : J'ai entendu dire que tu avais eu la chance d'avoir eu des parents qui te soutenaient, qui t'aimaient, qui te suivaient aux quatre coins de la Normandie, de la France quand tu jouais au hockey, je crois, et qui même, t'envoyait dans des familles anglaises ou américaines, je crois, même américaines carrément, pour apprendre les langues, quoi, les pratiquer, ce qui n'est pas le cas de toutes les familles. Alors, dans quelle mesure, tes parents, par ce qu'ils ont fait pour toi, ont-ils vraiment généré en toi cette confiance en toi ? Parce que, pour être entrepreneur, je pense qu'il y a une qualité essentielle, c'est une confiance en soi, je ne dirais pas illimitée, mais quand même très très grande ou est-ce que c'est quelque chose sur lequel tu as travaillé par toi-même aussi, quoi, finalement ?
MATTHIEU STEFANI : Je pense qu’ils ont bien aidé tout ça. Ils m'ont élevé dans… Je ne sais pas si c'est un narratif, une éducation, en tout cas qui est de se dire que tu peux faire les choses par toi-même. Je crois que j'ai eu la chance, en effet, de partir à l'étranger assez tôt et où sur lequel tu vas vite avoir une forme d'indépendance. Là-dessus, j'ai eu la chance d'être aussi le dernier de la fratrie, donc mon grand grand frère, Sébastien, lui n'est pas parti aussi tôt. Je crois qu'ils ont eu un moment, ils se sont dit « Ah, on l'a envoyé là, c’était bien. » Du coup, j'ai profité de l'effet d'expérience. Il est parti plus tard. Moi, je crois que c'était dès la fin de la 5e, fin de la 4e, je crois, même, un mois à Kansas City. J'ai pris une claque et, en fait, j'ai appris beaucoup de choses, et le hockey sur glace aussi pendant des années, j'étais sportif à un certain niveau et sur lequel tu as un apprentissage d'esprit d'équipe et de progrès aussi, c'est-à-dire que moi je suis arrivé, j'ai commencé, j'étais nul quoi, bon comme beaucoup, mais il y en avait vraiment qui étaient meilleurs que moi. Et donc, là-dessus, mes parents m'ont toujours donné une forme de confiance en me disant « En fait, je ne vais pas être fort à ta place, mais tu peux être fort, tu peux faire partie des meilleurs, en revanche, bosse, quoi, tu vois ? »
Et ça, c'est vraiment un truc que je reproduis aujourd'hui. J'ai ma fille qui a 11 ans, elle veut être pro en foot.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : En foot ? Super ! Dans quelle équipe elle joue ?
MATTHIEU STEFANI : Elle joue à la Salésienne de Paris, porte d’Asnières, c'est dans le 75, une équipe verte et noire. Et elle a commencé il y a 18 mois. Elle jouait un petit peu avant, mais elle n'était pas très forte. En 18 mois, elle fait partie de l'équipe A, etc. Et, moi je lui ai dis « Tu sais quoi chérie, tu veux être pro, je suis totalement OK avec ça, je suis même à fond derrière toi et je te fais confiance. En revanche, juste une chose, je ne serai pas pro à ta place.
À chaque entraînement, l'année dernière, quand sa coach me disait, « Louise, elle a beaucoup d'envie, mais en fait, à l'entraînement, elle parle beaucoup. » Moi, le seul moment où je lui remonte les bretelles, je dis “Écoute, tu sais quoi, le jour où tu ne seras pas pro, tu viendras me dire ouais, je ne sais pas quoi, tu te plaindras, ce sera que de ta faute. Si tu arrêtes de parler à l'entraînement, chaque fois qu'il y a un truc à faire…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu te prends en charge.
MATTHIEU STEFANI : Tu le fais à fond, c’est comme ça que tu arriveras à être pro. Donc, mes parents, je crois que là-dessus, ils m'ont donné les clés et après, tu en fais ce que tu veux, ça, ça vient aussi de toi-même, je crois, mais ils m'ont donné de bonnes clés.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu avais de bonnes clés,
MATTHIEU STEFANI : Et avec de l'assurance et de l'amour, je pense que tu fais beaucoup de choses.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : De l’assurance, de l'amour, de la confiance en soi et puis un esprit aussi compétitif, dans le bon sens du terme, j'ai l'impression, parce qu’il faut aimer la compétition quelque part.
Alors, tu as quitté Cherbourg vers 18 ans pour étudier dans une école de commerce à Paris où tu as obtenu, je crois, de très bons résultats. Tu étais parmi les tops de la promo, je crois.
MATTHIEU STEFANI : Alors, je vais rétablir quand même un peu la vérité, parce que je crois que je suis parti de très très loin, et cette école s'appelle l'IPAG, qui avait un bon niveau à l'époque, qui a eu des hauts et des bas, je crois qu’en ce moment ils sont « average, » OK. C'est une bonne école, il y avait en tout cas à ce moment-là un niveau intéressant. Je crois qu'ils avaient une spécialité qui était de prendre ce qu'on appelait nous des « peut mieux faire. » Donc, tu étais parmi les gens qui…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Qui ont du potentiel…
MATTHIEU STEFANI : Tu as navigué toute ta scolarité, tu arrives au bac, tu as ton bac avec 12, 13, 14, donc ça va, ça se passe bien, mais sans rien faire. En gros, la plupart d'entre nous, on n’avait jamais rien foutu… Pas tous, mais une bonne partie d'entre nous, on n’avait jamais rien foutu. Et en fait, petit à petit, ils avaient une sorte de méthode, de framework, où d'année en année, ça se resserrait un tout petit peu et moi, j'ai vraiment pris goût au travail là-bas, c'est-à-dire qu’il y avait beaucoup d'expérience en entreprise tous les ans et premier stage, moi, j'étais… Ça paraît bête ou loin, non ça paraît pas du tout bête, j'ai aucune honte et au contraire, je suis très fier, mon premier stage, c'était chez Darty, j'ai appris ce que c'était que de vendre à des gens une télé, un magnétoscope…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu as un bel épisode là-dessus sur Tapis, ses débuts à vendre des télés.
MATTHIEU STEFANI : Et j'ai adoré ça. Et puis après j'ai fini, j'ai fait des stages à New York, j'ai fait des stages… Donc tu vois, tu pars dans un truc où petit à petit… Et en effet, sur ma dernière année j'étais dans les tout meilleurs de ma promo, mais parce que j'avais envie de bosser. J'étais dans une spécialisation création d’entreprise, je commençais déjà à me sentir dans mon bain. C’était cool, oui !
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Alors, justement, tu as obtenu ton premier job en aidant littéralement à lancer Métro. Pour nos auditeurs, premier quotidien gratuit de France après d'autres pays aussi et qui était distribué notamment, je me rappelle très bien, à la sortie des métros. C’était assez incroyable, c’était un phénomène à l'époque incroyable. L'idée était simple, c'est des informations gratuites, au bon endroit, au bon moment et tu y as travaillé très dur, tu as dit 80 heures par semaine, ça paraît aujourd'hui, bon, on se dit jamais. Et bien sûr, ça a été un énorme succès. Alors qu'est-ce que tu as appris de cette start-up à la fois le meilleur et le pire ? Voilà, tu nous donnes les deux côtés de la pièce.
MATTHIEU STEFANI : Ouais, c'était une super époque. Honnêtement. Métro, c'est une boîte suédoise. Alors, on peut voir la Suède comme un pays parfois très socialiste et voilà, et là, c'était des Suédois plus américanophiles. C'était très entrepreneur, super hardcore. La famille Stenbeck, qui a un groupe qui s'appelle Kinnevik. Je ne sais pas si tu connais Modern Times Group. Donc dans les médias, ils avaient Télé 2, ils en avaient énormément, c'était vraiment une constellation d'entreprises, et ils avaient Métro dans tout ça. Une entreprise dans laquelle l'excellence de la vente était vraiment quelque chose et du produit, parce que c’était quand même un bon produit. Et donc, pendant des années, on nous a vraiment biberonnés à la vente. Moi, j'ai appris à vendre, vendre, vendre. J'ai trouvé ça assez cool. mais en revanche, c’était carotte-bâton quoi. Je suis rentré au biberon, quasiment comme un bébé dans la boîte, et puis ils m'ont donné un job qui me semblait vraiment nul, qui était ce qu'on appelait telesales. Donc, au début, j'étais qu’au téléphone. Donc, tu te dis, attends, j'ai fait une école de commerce pour finir telesales. Pas terrible. Et ils m'avaient dit, si ça se passe bien après tu peux devenir district sales directer, et puis, il y a l’internationale, etc.
Ils nous montraient un chemin de carrière. Je me suis dit, il se foutent peut-être un peu de moi, mais j'aime bien les valeurs de la boîte. Je les sentais bien, ça avait l’air vraiment très très dynamique et j'étais le premier employé, et donc je suis parti là-dedans. Et il s'est trouvé qu'en même pas un an, j'avais le plus gros portefeuille de la boîte, plus en telesales, en sales. Je gérais une agence d'achat d'espaces qui s'appelle Carat. Et on s'éclatait, mais en revanche, autour de moi, tout le monde se faisait virer. Pour monter, ce qui était drôle, c'est que tu avais ceux qui restaient…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Un système d’élimination…
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Et donc c’était hardcore.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu as pris le virus de la vente.
MATTHIEU STEFANI : Alors, j'ai pris le virus de la vente et puis de l'animation. On était toujours dans une forme d'équipe, il y avait vraiment de la grosse compétition.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : C'est ça ! Entre celui qui allait atteindre son quota ou pas peut-être, celui qui allait rester ou pas…
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Mais la plupart du temps, ça se passait bien. Moi, j'avais vraiment mes frères d'armes, mes sœurs d'armes. Et puis, il y en avait qui arrivaient, qui étaient plus vieux et qui disaient, oh là le petit Stefani, là, il a un trop gros portefeuille, je vais lui piquer. Et en effet, à un moment tu les prenais dans le couloir entre 4 yeux et tu leur disais, écoute, chérie, c'est simple, soit tu es avec moi, soit tu es contre moi, mais en revanche si tu es contre moi, on va faire la guerre.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Alors, tu as eu des moments aussi difficiles, je crois, notamment… Je ne vais pas le dévoiler tu vas en parler… Du départ, parce que ça s'est fait de manière un peu dramatique
MATTHIEU STEFANI : Tout à fait ! Tu es très bien renseigné.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Explique-nous un peu ce moment, comment ça s'est passé, comment tu l'as vécu.
MATTHIEU STEFANI : Écoute, déjà je dois dire que même si j'ai toujours été difficile à manager, je crois, ce qui fait que c’est l’une des raisons qui fait que je suis entrepreneur.
J'aimais cette boîte. Vraiment. J'avais tellement donné pour cette boîte que comme tu aimes, je sais pas, Microsoft, j'imagine, j'avais du sang vert, vraiment c'était un logo vert, j'allais en Suède souvent, j'étais, mais vraiment dedicated et la dernière année où j'étais chez Métro, j'étais à Londres, et je travaillais pour la holding Métro international, donc on avait 24-25 pays à ce moment-là, et mon job était de lancer des nouveaux pays partiellement, mais surtout aussi de vendre Métro sur des campagnes monde. Donc, j'allais voir NOKIA, j’allais voir Samsung, j'allais voir plein de grandes marques et je leur disais, écoutez si tu enlèves 20 minutes de ton plan média en Espagne je t'offre la Pologne. Tu vois, c’était ce genre de négo. Là, tu te battais contre des concurrents. Moi, j'avais 24 ans donc c'était assez cool d’avoir un job comme ça. Et un jour, je suis revenu d'Allemagne et puis le lendemain matin, il y avait du champagne de la veille, etc. Tout le monde était très content, ils avaient fait la fête et moi j'avais signé le plus gros deal la veille en Allemagne de l'histoire de Métro. Et puis, je vois l'assistante qui s'appelle Jane Nikanovic, je m'en souviens très bien d'ailleurs, qui était l'assistante, je m'entendais très bien avec Jane, puis on était souvent les deux premiers au bureau le matin. Et je lui dis, ah vous avez fêté quoi, etc. ? Elle me dit, ton boss a fait un super deal hier. Là, je me dis, quand même un super deal, ça, c'est bizarre. Parle-moi de ce deal. Elle m'a vu monter, je pense que suis devenu tout rouge, à mon avis j'avais de la fumée qui sortait des oreilles. Et alors là, je me suis mis à mon poste, lui il était en face de moi, j'ai attendu qu'il arrive, quand il est arrivé, je lui ai dit, je crois qu'il faut qu'on se parle. Il n’a pas tout de suite compris et on s'est engueulés, mais c’était honnêtement la maternelle, je crois que c'était affreux.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Parce qu’en gros il avait annoncé…
MATTHIEU STEFANI : Il avait annoncé à tout le monde qu'il avait fait le plus gros deal. En fait, il m'avait pas du tout mentionné. Oui, c'est un truc de management un peu bizarre…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : C’est le one...
MATTHIEU STEFANI : Je crois qu’il était insecure total et qu’il avait toujours besoin… Il l'avait fait à d'autres dans l'équipe, mais dès qu'il y avait de belles choses, ils leur piquaient, il se les mettaient au crédit à lui-même et donc du coup, on s'est insultés comme des gosses vraiment. Et il a fait une erreur magistrale, c'est qu'il m'a envoyé un email disant, écoute, j'attends ton émission et si tu ne me l’envoies pas je vais te pourrir la vie jusqu'à ce que tu partes.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et il te l’a écrit ?
MATTHIEU STEFANI : En Angleterre, autant c'est moins social qu'en France, en revanche, le harcèlement, ce genre de menace, ça ne plaisait pas du tout. Donc en gros, j'ai imprimé l'email, je me le suis envoyé sur mon Gmail à l'époque, et puis je suis immédiatement allé voir… Mais vraiment dans la foulée… Et je me souviens, je vois encore sa tête quand il tapait le mail super vénère devant moi. Je vois sa tête, c'est affreux. Je ne savais pas ce qu'il était en train de faire. Non, non, je le voyais, mais rouge, rouge et machin. Il tapait, il tapait. Et puis je reçois le truc, je me dis qu'est-ce que je fais moi. Et je suis allé voir la RH, que j’étais jamais allé voir, et puis je lui aie dit, écoute, j'ai ça… Tu c’est quoi, j'avais déjà une idée de business, je lui, dis écoute, moi, j'ai pas envie de me battre, je pense que, pardon, j’allais dire un gros mot… Et on trouve une option. Voilà, c'était un mardi matin et le jeudi, j'étais à Paris avec mon camion de déménagement, etc. Là, elle m'a dit, c'est bon là, c'est plié, etc. Et lui a fait 2-3 mois de plus et puis il s'est fait virer.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ça ne me surprend pas, ça aurait été grave quand même qu'il reste plus longtemps. Voilà, c'est le meilleur et le pire toujours de start-up aussi je pense qu'il y a plein d'histoires comme ça que tu connais, mais c'est sacrément formateur.
MATTHIEU STEFANI : Il n’y a qu'un endroit où ça change dans la tête l'avenir, c'est dans ton cerveau. Assez vite là je me suis dit, tu sais quoi, en fait, c'est la meilleure opportunité de ta vie. Vas-y, go.
Je suis parti et en fait, ça a été un déclic monstrueux. Et en fait, j'aurais pu partir en me disant, mais qu'est-ce qui m'arrive, c'est nul, je n’aurais pas dû, etc. Je crois que vraiment la semaine d'après j'étais…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : C'était la meilleure décision qui a pu être prise contre toi finalement.
MATTHIEU STEFANI : Exactement.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et pour te lancer dans ton aventure entrepreneuriale. On va en parler, Matthieu. Au début des années 2000, alors que tu étais encore donc au début de ta vingtaine je crois, il y a la téléphonie mobile qui commence à vraiment exploser, c’était à l'époque le Nokia 6750 en 2002, la 3G qui est arrivée, etc. Et surtout, c'est le début vraiment de l'Internet mobile. Bon j’ai connu ça aussi bien entendu, c'était assez étonnant. Et ça ouvre la voie ensuite au smartphone. Et là en fait, pour certains auditeurs d'aujourd'hui, une nouvelle génération, ils se disent, bon c'est improbable tout ça, mais à l'époque c'était incroyablement révolutionnaire puisque des gens ordinaires pouvaient prendre des photos avec leur smartphone et en faire quelque chose d'exceptionnel finalement de ces photos. Et je crois que tu as saisi cette idée ou cette opportunité de dire, mais finalement ces utilisateurs, ces citoyens, ces personnes, c'est peut-être des professionnels en devenir. Explique-nous comment est née cette start-up générée par le User Generated Content comme on dit, par l'utilisateur, le contenu, parce que c'était le début de cette histoire.
MATTHIEU STEFANI : C’était le début, tu as raison. Le téléphone qui a fait la différence, je m'en souviens, pour moi, c'était le 9510 de Nokia et c'est le premier qui avait un appareil photo à peu près décent.
Et il faut quand même comprendre qu'aujourd'hui, on a un monde et un réflexe où on prend quelques photos par jour. En 2000, donc je parle de ça, il y a 23 ans, je pense que la majorité des habitants du monde prenaient zéro photo par an, tu vois, en moyenne, ils en prenaient peut-être une, deux ou trois. Enfin, il fallait une pellicule, il faut quand même se rendre compte qu'il y a 23 ans, il fallait une pellicule, tu achetais une pellicule, tu la mettais dans un boîtier, et tu prenais tes 24 ou 36 poses, donc tu avais 36 photos. Ça coûtait cher, et tu devais aller les emmener à développer, les emporter à développer, et après tu récupérais tes photos… Autant te dire que tu n’avais pas un appareil photo sur toi tout le temps. Et sont arrivés ces appareils, et à ce moment-là, moi, je me souviens, j'étais allé voir des fonds qui m'avaient dit : « Non, mais l'appareil photo sur le téléphone, ça n'a aucun avenir. Enfin, je ne vois pas ce que les gens vont prendre en photo. Qu'est-ce que tu veux faire avec un… » Et moi, ça me mettait dans le doute, tu vois, je me marre là aujourd'hui, après coup, tu dis : « Mais ils sont nuls. » Mais en fait, même moi qui étais dedans, qui y croyais très fort, je me disais : « Ces mecs, ils sont tellement forts, ils ont investi dans tellement de boîtes s’ils me disent ça, ils ont peut-être raison. » Et alors, ça m'a appris un truc, c'est que déjà, ta croyance à toi, il y a des moments, il faut quand même t'y accrocher et te dire ça. Et nous, on s'est dit, en fait, il va y avoir un gros... Moi, je venais de la presse et des médias, et je me suis dit, en fait, le plus gros producteur de contenu, ça va être l'amateur, et l'amateur il vit des choses. Alors, j'avais vécu les événements dramatiques de Londres en 2005, et cette série d'attentats en même temps, et de cette série d'attentats, les seules et uniques images qui étaient sorties, je les vois encore, hein, dans le métro, ce bus qui était complètement éventré, etc., c'étaient que des images d'amateur. Après, ils avaient tout fermé, on ne pouvait plus arriver dans… Et en fait, je me suis dit : « Mais ça va être ça, en fait, ça va être ça. » Donc, j'aurais pu créer YouTube. Malheureusement, je me suis dit, des droits à gérer et des choses comme ça, je me suis dit, je vais dire aux amateurs d'envoyer des photos et des vidéos de leur contenu, je vais leur donner une licence, je vais signer une licence avec eux, je vais les revendre à la presse et aux médias du monde entier. Pourquoi je n’ai pas créé YouTube ou Dailymotion ? Parce que je me disais, mais en fait je n’ai pas les droits, tu vois. Et c'est là aussi l'autre chose que j'ai pu apprendre.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu te censures un petit peu.
MATTHIEU STEFANI : Oui, tu te censures, mais d'ailleurs les avocats autour de moi me disaient, mais tu peux pas faire ça, tu n'as pas les droits. Et alors que ces boîtes-là sont nées sur des grosses copyright infringement avec des grosses problématiques de droits sur lesquelles…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ce qui s'est répété dans l'histoire ensuite sur d’autres sujets.
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Et donc, il y a des moments il faut aussi te dire oui, mais je suis dans un changement de paradigme donc les droits, je m'en fous…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : On y va et on va négocier ça ensuite.
Alors je crois qu'il y a des moments incroyables, une interview de Jérôme Kerviel, Galliano aussi, pour ceux qui ne s'en souviennent plus, l'ancien directeur artistique de Dior, je crois qu'il avait un peu bu, mais en général bon, il a tenu des propos du genre, je crois I love Hitler, enfin des trucs improbables, le Printemps arabe. Donc tu as capturé quand même des moments d'histoire, j'allais dire, des moments incroyables.
MATTHIEU STEFANI : On a capturé des moments incroyables. Alors il faut voir que la news, ce qui marque, c'est ce qui est soit dur, soit sulfureux. C'est rarement quelque chose de très joyeux.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ce n’est pas dans le positif, généralement, c'est rare, ceux qui cherchent l'impact positif par les photos. Malheureusement.
MATTHIEU STEFANI : Alors tu peux, évidemment on aime ça, avoir de belles photos de ses proches, etc., mais dans l'actualité, ce qui marque, c'est un tsunami… Alors il y a des choses finalement… Le Printemps arabe, c'est quelque chose qui peut être considéré comme assez positif quand même, même s’il y a eu des morts par dizaine. Et donc, on a capturé quand même beaucoup beaucoup de choses jusqu'à, tu vois… Je ne sais pas, je pourrais t'en citer plein, l'hélicoptère qui évacue Michel Schumacher sur son accident, on va avoir des célébrités à la pelle qui font tout et n'importe quoi et puis on va avoir aussi John Galliano à la terrasse de La perle, ce café dans Paris qui lui a valu beaucoup derrière… Et nous, on versait à notre contributeur les 2 tiers de ce qu'on gagnait…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : C’est 2 tiers, c’est ça le modèle, 2 tiers - 1 tiers ?
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Donc on avait une des plus grosses agences de presse au monde. On recevait entre 2000 et 3000 séries de photos par jour.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Donc ça s'appelait Citizen Side, je crois, c'est ça ?
MATTHIEU STEFANI : Exactement.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Alors, c'était ta première start-up donc un très beau succès. Depuis tu as été impliqué dans plein d'autres start-ups, alors certaines vendaient des produits… Tu as eu des bracelets en plastique, je crois, une histoire où tu avais une fin stock, je crois, de 100 000 je sais plus combien tu as raconté…
MATTHIEU STEFANI : Qui m'a coûté très cher.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Qui t'a coûté cher.
MATTHIEU STEFANI : Qui m’a beaucoup appris.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Qui t’a beaucoup appris. Tu as aussi… Tout à l'heure, je te donnais une carte de visite en braille, et toi c'est des cartes de visite métalliques.
MATTHIEU STEFANI : Voilà ! Je t’en donnerai une tout à l’heure.
J’ai été leader mondial de la carte de visite en métal, c'est une niche complètement débile, mais c'était une niche qui était lucrative, qui m'a appris le SIO, la vente en ligne, la création de sites, etc. J'ai fait en même temps ces bracelets, j'ai fait en même temps du conseil, et en fait…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu as fait de l’e-commerce, etc. Donc tu as appris les bases de ce qui est devenu que CosaVostra.
MATTHIEU STEFANI : Exactement.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : J’ai cru comprendre que le nom t’a été inspiré, tu l'as un petit peu dit, par la sublime… Moi, c'est un de mes films, je dois dire je suis un cinéphile, je crois que tu aimes beaucoup le cinéma, le Parrain, c'est pour moi, voilà, Francis Ford Coppola, The Godfather, c'est voilà…
MATTHIEU STEFANI : Je ne sais pas de quelle année… Ça doit être des années 80 parce que même pour moi c'est un vieux film…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui.aussi. Je voulais te proposer un mini quiz. C’est très simple, vraiment. Alors on se rappelle, le Parrain, c'est la famille Corleone, donc ils ont six valeurs dans cette famille. La tradition, la force, la discrétion, l'honneur, le respect, et la loyauté familiale. Alors, ça serait quoi ta valeur centrale, cœur, fondatrice, de Matthieu Stefani ?
MATTHIEU STEFANI : Tu sais que la loyauté, c'est quelque chose de très important, et familial, je pense que c'est trop parce que tu ne choisis pas ta famille, mais je pense que quand tu commences à créer des liens avec des gens…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : La loyauté est quelque chose qui…
MATTHIEU STEFANI : Le respect évidemment, c'est quelque chose, mais la loyauté, je pense… En fait, j’essaye d'être quelqu'un de loyal et en qui tu peux avoir confiance et moi, aujourd'hui j'ai un modèle économique avec des sponsors, par exemple. Eh bien, quand je te parle d'un de mes sponsors, c'est que je le kiffe, et si j'ai des sponsors, je les choisis et si à un moment, j'ai pas de sponsor, je préfère ne pas gagner d'argent que de dire à tous mes auditeurs, ouais écoute…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Je le fais de façon forcée.
MATTHIEU STEFANI : Va acheter tel lave-vaisselle, parce qu’il est très cool… . Non, mais en plus tu vois je suis à moitié sérieux, j'exagère un peu, il y en aura peut-être de bien…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Donc, la loyauté. Familiale au sens tu l'as défini tout à l'heure, c’est-à-dire, tu as une famille élargie. Ça, ça t’irait bien.
Alors on continue. Alors parmi les citations les plus célèbres du film, je vais en citer quatre parce qu'il y en avait d’autres, mais j'en ai sélectionné déjà quatre, quelle serait la citation que tu rajouterais donc comme signature de la marque CosaVostra…
MATTHIEU STEFANI : Intéressant.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Encore plus loin. La première, je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser.
MATTHIEU STEFANI : Le problème, c'est quand on sait ce qu'il y a derrière.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Mais bon, voilà tu fais des offres aussi à tes clients. Ne dis jamais ce que tu penses et laisse la justice aux autres. Alors, quand je te dis signature de CosaVostra, après tu pourras me donner la tienne si elle est différente.
MATTHIEU STEFANI : La deuxième, c'est quoi, tu m’as dit ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ce n'est pas personnel, c'est strictement professionnel. Et la première, je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser.
MATTHIEU STEFANI : Je serais sur la première, évidemment.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : D'accord.
MATTHIEU STEFANI : Mais généralement, il peut y avoir un flingue ou une batte de baseball investi…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Un calibre planqué dans les WC avec un Pacino qui va le chercher et voilà…
MATTHIEU STEFANI : Tu sais que la deuxième, c’est quelque chose que j'ai appris par la force des choses aussi, c'est qu’il y a énormément de situations qui ne sont pas personnelles et professionnelles, qui font que tu vas avoir des chemins qui se séparent ou tu te sépares de gens que tu aimes, qui ont fait beaucoup pour toi, mais qui pour le bien de l'entreprise, ne sont plus les bonnes personnes et de temps en temps, c'est toi, d'ailleurs, ça peut être toi.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Bien sûr. C'est plus dur aussi de l'admettre.
MATTHIEU STEFANI : Mais ouais et tu vois, ce n’est pas personnel et c’est professionnel. C’est quelque chose, je crois, d’assez important. C’est qu’à la différence d'une famille dans laquelle… À un moment, même quand quelqu'un va très mal et devient potentiellement quelqu'un que tu dois supporter dans plein de sens du terme, dans une entreprise, il y a un moment où la responsabilité du dirigeant est de se dire, écoutez soit toute cette partie de l'entreprise, soit tout ça, soit ça, on arrête, soit, voilà, ça fait partie du courage et ce n’est pas personnel, c'est professionnel.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et c’est être capable de l'assumer et de le dire aux personnes aussi les yeux dans les yeux et comme tu dis dans les moments que j'ai connus aussi dans ma carrière, pas simples, de personnes que tu aimes en tant que personne et que tu respectes énormément, que tu as sûrement embauchées toi-même en plus.On a fini le quiz, mais moi, j'adore ces citations… , mais allez voir les films, les trois.
CosaVotra et tes podcasts dont on parlera dans quelques minutes sont des entreprises de génération de contenu. On a commencé déjà à aborder ça un petit peu avec les photos… Qui mêlent finalement la Tech, la créativité. Aujourd'hui tu l'as déjà prononcé plusieurs fois, tu utilises ChatGPT, peut-être Copilot aussi, GitHub, voilà, pour les développeurs, les dev, côté CosaVostra, donc on voit que ça, ça va agiter, ça agite dès maintenant cet univers du contenu de sa génération que ce soit du texte, de la vidéo, des sens, même, c'est vraiment la partie science cognitive de l'IA et donc tu as dit récemment et je te rejoins, nous passons d'une ère du contenu généralisateur à une ère du contenu généré par l’IA. Alors ça veut dire qu'en 2025, ça te donne un peu de temps pour réfléchir CosaVostra va ressembler à quoi, Matthieu ?
MATTHIEU STEFANI : Écoute, c'est une très bonne question. J’essaye d'impliquer vraiment tout le monde là-dedans, dans l'usage, parce que dans nos métiers, on a trois grands métiers, le Conseil, le dev, le design, l’UX, et la création de contenu, et dans ces trois métiers, l’IA va avoir un impact très fort, donc je pousse tout le monde à l'utiliser. Je suis un peu passé partout à leur dire il faut, allez-y. À un moment, j'ai saoulé les gens, donc j’essaye d'être plus sur de l'exemple même sur le côté sales, tu vois, j'ai eu une ou deux fois des choses où j'ai pu prouver, donc quand tu prouves en leur disant, écoute je vais pas te briefer toi je vais plutôt briefer ChatGPT pour lui dire on va faire ça, comme ça, comme ça et puis après toi tu feras ton boulot « over the top. »
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Briefing par rapport à un client ? Une problématique client-solutions ?
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Et ça m’a pondu des slides qui étaient quand même vraiment très bien. Alors le prompt était assez complexe, mais voilà… Donc moi je veux vraiment qu'on utilise ça comme un compagnon, comme un copilote. Je crois que l’IA a besoin qu'on continue à produire le contenu en tant qu'humain parce que sinon à la fin on va avoir un problème de serpent qui se mord la queue…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Si tu boucles sans arrêt sur la même…
MATTHIEU STEFANI : Donc il va y avoir un besoin, toujours, de créativité, d'originalité dans le contenu qu'on va créer et je crois que ça va nous amener dans des univers créatifs incroyables et ça, ça me fascine. J'ai des hauts, des bas dans les usages, parce qu'il y a des choses que je pouvais faire il y a 6 mois sur ChatGPT que je peux plus faire aujourd'hui, il y a des choses en termes d'image que je trouve extraordinaires et puis la fois d'après je trouve ça nul, donc voilà, je pense que ça va quand même nous épargner pas mal de choses vraiment vraiment très très relou tu vois dans les analyses, dans nos métiers, avec Alvo d'analyse de données ça va vraiment être quelque chose enfin… Est-ce que vraiment l'homme est fait pour… Alors on l'a vu, le travail à la chaîne, c'est quand même un truc très aliénant, mais excuse-moi, là je vais parler de l'outil Microsoft peut-être, mais PowerPoint ou Excel est-ce que tu es fait, est-ce qu'on est fait, pour passer notre journée à remplir des fichiers PowerPoint ou remplir des fichiers Excel ? Est-ce que c'est vraiment ça le truc le plus épanouissant ? Moi je pense que le penser, se dire OK, je voudrais présenter ça, mon idée c'est ça, je vais utiliser ça comme support…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et qui te bâtisse, le modèle…
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Et quand je serai en réunion avec Jean-Philippe, je vais pouvoir utiliser ça pour te prouver ou t'expliquer mon point, c'est super, mais avoir des pisseurs de code, des pisseurs de fichiers Excel et des pisseurs de PowerPoint, en fait, je ne crois pas que ce soit une fin en soi et aujourd'hui je crois qu'à un moment entre les années 2000 et 2010, on est arrivé à peu près à ce truc-là.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : À la limite de ça.
MATTHIEU STEFANI : Et je crois que c'est assez cool et assez satisfaisant de se dire qu'on va peut-être aller au-delà de ça.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Très excitant. J'aimerais qu'on progresse, parce que le temps passe vite. Et donc, le 22 février 2017, tu lances ton podcast « Génération Do It Yourself ». À ce jour, tu as plus de 362, 363, 364 épisodes. Je sais plus, mais c'est impressionnant. Tu as été d'abord l'un des tout premiers à démarrer ton podcast en France, avec une tonalité particulière, une durée assez longue, il faut le dire. Donc, ça se consomme des fois en plusieurs morceaux, mais ça se consomme vraiment bien. Des échanges très détaillés et surtout très personnels. Et comme toi, je prends énormément de plaisir à préparer d'abord ces rencontres, comme la tienne, je t'écoutais, mais je ne te connaissais pas forcément. Donc, j'ai essayé de récupérer des discussions que tu as eues, des points de vue à droite à gauche, et de découvrir des personnalités extraordinaires finalement qu'on a l'occasion de voir, qui partagent des leçons de vie, des tragédies, des leçons personnelles et professionnelles incroyables. Et d'ailleurs, dans ton teaser, un peu de « GDIY, Génération Do It Yourself, » vous êtes la moyenne des gens que vous rencontrez. Voilà. Et donc, après maintenant presque 6 ans de podcast, quoi, où en est ta moyenne Matthieu ? Ou quelle est ta moyenne ?
MATTHIEU STEFANI :
Écoute, moi, je serais prétentieux de dire qu'elle a beaucoup augmenté, mais, mais je crois que… Alors déjà, j'ai évolué sur le rapport à l'ego et à pas mal de choses. C'est-à-dire que j'assume beaucoup plus. J'avais beaucoup le syndrome de l'imposteur et beaucoup de choses comme ça. Et aujourd'hui, je m'estime, pas meilleur que les autres. C'est important. C'est là où l'ego a un problème. C'est qu’en tout cas, je m'estime meilleur là où je voulais l'être. Et surtout, je vais dire le plus important, c'est que je suis plus aligné, plus équilibré et plus heureux et ça, c'est à la fois parce que j'ai vu des gens extraordinaires qui m'ont inspiré, où je me suis dit, j'ai envie de faire ça comme eux, et à la fois parce que j'ai vu des gens extraordinaires qui ont fait des trucs de ouf, qui se sont méga cramés, où je me suis dit, je veux pas être comme eux. Et en fait, c'est ce qui est très intéressant dans tout ça. C'est qu’en fait, hier soir, j'avais encore cette discussion avec des auditeurs. J'étais avec Bertrand Picard à la Cité des Sciences et de la Découverte, et les auditeurs me disaient, mais c'est fou ce qu’il fait lui, mais pourquoi nous on fait pas ça ? Et je lui dis, tu sais, moi, je le connais bien, et je suis pas sûr que tu aies envie d'être lui, tu vois, je suis pas sûr que tu aies envie d'être lui. Enfin, tu vois, satisfais-toi toi-même et c'est quelqu'un d'extraordinaire, d’intellectuellement, ouah, très stimulant, etc., très dense, dynamique, mais en revanche, sa vie perso, c'est le chaos et son bonheur et sa santé et tout ça, c'est pas quelque chose qui est, voilà… Après, il y a des gens qui…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Chacun, comme tu dis Matthieu, aligne un petit peu sur ses ressorts personnels, ses passions, ses forces.
MATTHIEU STEFANI : Mais pour finir, tu vois, je pense au moins que « Génération Do It Yourself, » en allant chercher chez toutes ces personnes extraordinaires, c'est ma thèse, comment tu deviens le meilleur dans ton domaine, en te lançant toi-même solo à un moment. C'est là où je te dis que mon rapport à l'ego a changé, parce que c'est vraiment ça, c'est filigrane.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ça t'a relativisé également ta propre dimension personnelle, la manière dont tu la vivais, tu la projetais et en écoutant les autres.
MATTHIEU STEFANI : Et tous ceux qui l'écoutent en ont une interprétation différente. C'est ce qui est intéressant.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Un ou deux qui t’ont profondément marqué.
MATTHIEU STEFANI : Catherine Painvin, qui doit être l'épisode numéro 40, qui est une femme qui te fait comprendre qu’à 22 ans, elle en était à son deuxième business, alors qu'elle avait quatre enfants et qu'elle n’avait pas vraiment le choix. Et qu'en fait, là, tu te dis, mais tout est possible, tu sais quoi, c'est que dans ma tête, tout est possible.
Edgar Grospiron sur la motivation, récemment, Alex Bouaziz, d’une boîte qui s'appelle « DEEL, » qui a monté une boîte en 4 ans, qui vaut 12 milliards, qui a 4400 employés, qui fait plus de 400 millions de chiffres d'affaires. Incroyable, voilà, je peux t’en sortir plein.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Alors, on va continuer sur le podcast, mais on va continuer aussi surtout sur ton succès entrepreneurial, Matthieu, et la croissance de tes structures, on en parlait un petit peu en déjeunant ensemble tout à l'heure, et une lecture, je pense qu'on a en commun de Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn, dans l'un de ses livres à succès « Blitzscaling » qu'on peut essayer de traduire en français par « L'hypercroissance » ou « La croissance éclair ». Voilà, la croissance éclair. Il parle du rôle du fondateur qui change à chaque étape, voilà. Et il a, je suis désolé nos auditeurs, parce que c'est vrai, c’est un peu fastidieux, mais il a cinq étapes. Mais vous allez comprendre, c'est assez rapide et c'est assez, je dirais presque mathématique, mais il y a de bons symboles. Étape 1, c'est la famille, de 1 à 9. Voilà, là le fondateur, il opère les leviers de la croissance, il est aux manettes. L'étape 2, c'est la tribu, de 10 à 99. Le fondateur, il gère les personnes qui actionnent les leviers. Étape 3, c'est le village, de 100 à 999. Je dirais, ça fait très INSEE, le fondateur conçoit une organisation qui additionne les leviers. Étape 4, c'est la ville, de 1000 à 9999, le fondateur prend des décisions de haut niveau sur les objectifs, les stratégies, voilà, high level, comme on dit. Étape 5, le fondateur de la nation, oui, 10 000 et plus, trouve un moyen d'arrêter l'organisation de la mise à l'échelle et de commencer à mettre à l'échelle de nouvelles lignes de produits, de nouvelles unités, de nouveaux business, de nouvelles inventions. Alors, est-ce que tu es un chef de tribu, un chef de village, ou autre chose ? Tout simplement, quel type de fondateur es-tu, Matthieu ?
MATTHIEU STEFANI : Moi, je ne suis clairement pas un chef de ville, peut-être village. Moi, je m'éclate dans la créativité beaucoup plus que dans la gestion, tu vois, là-dedans il y a des notions de ville, en fait, il y a une question où tu es un peu un maire de ville. Moi, être maire d'une ville, c'est un cauchemar…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : En même temps, quand tu parles à des maires, tu vois, c'est marrant, j’en rencontre de temps en temps, pas souvent, mais ils te disent que c'est le meilleur échelon pour avoir un impact réellement dans la vie politique.
MATTHIEU STEFANI : Attends, j'ai le plus grand respect, je connais un peu le maire du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard, mais ce mec me fascine. Je dis juste que moi, si je me le mets à moi, mais je peux mourir, c'est affreux, rien que de me faire élire, et puis tu sais, j'ai l'impression que tu dois tellement essayer de satisfaire tout le monde, une forme d'abnégation totale, et moi, je vis, et c'est pour ça que je m'éclate dans le podcast, de curiosité…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu es un créatif dans une tribu. C’est un peu ça ?
MATTHIEU STEFANI : Oui.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Dans le même livre, Reid Hoffman parle de neuf règles, alors, c'est beaucoup, je sais… Contreintuitives de l'hypercroissance, volontaire, ça, ça choque quand on les entend quand on n'est pas entrepreneur, on se dit… Embrasser le chaos, ça, on l’a déjà entendu, embaucher des gens tout de suite, même s'ils ne sont pas forcément les meilleurs, tolérer une mauvaise gestion, lancer un produit qui vous met dans l'embarras, laisser brûler les feux…
MATTHIEU STEFANI : J’adore ces règles.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Faire des choses qui ne sont pas évolutives…
MATTHIEU STEFANI : Do things that don’t scale.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ignorer vos clients, lever trop d'argent, ça, je crois que tu as aussi une opinion là-dessus, et faire évoluer votre culture. Alors, lesquelles, si on prend deux ou trois là-dessus, voilà, je te laisse regarder… Tu aurais tendance à choisir ?
MATTHIEU STEFANI : Alors, embrasser le chaos, mais clairement, c'est-à-dire que ça, c'est vraiment… Mais c'est très dur pour les gens qui t'entourent en revanche…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : C’est clair.
MATTHIEU STEFANI : Moi, je suis très fort là-dedans, et en revanche, ça peut être un…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Très déstabilisateur…
MATTHIEU STEFANI : Et puis pas habitués, en fait, voilà. Et si tu couples ça avec tolérer une mauvaise gestion, les gens se disent, mais ces mecs sont nuls en fait, tu vois, alors que non, tu es juste dans un truc beaucoup plus petit. Et je dirais, lancer un produit qui vous met dans l'embarras, mais ça, c'est clair,
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ça, tu l'as fait dans ta vie, et tu l’assumes. Tu n’attends pas d’avoir le truc parfait.
MATTHIEU STEFANI : Tu écoutes mon premier épisode de podcast, il est toujours en ligne, tu peux y aller. Et en fait, je suis totalement OK avec ça. Je crois même, je peux même l'inverser, c'est dire, c'est une forme de fierté, c'est dire en fait…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Je l’ai fait dans cet état-là, j'ai assumé, je savais que je n’allais pas être top, mais c'est comme ça.
MATTHIEU STEFANI : Exactement. Et j'ai plein d'épisodes qui me mettent dans l'embarras. Après voilà, faites des choses qui ne sont pas évolutives, c'est clair. Ignorez vos clients, j'ai plus de mal…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, ça, c'est très dur.
MATTHIEU STEFANI : Et faites évoluer votre culture, c'est pas toujours simple, mais c'est important.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Voilà, quelques beaux principes, je pense qu'on retrouve dans ta vie, Matthieu et dans tes sociétés. Si je demandais à des salariés, les gens que je vois autour dans tes bureaux aujourd'hui, quelle est la meilleure version de Matthieu Stefani ? Qu'est-ce qu'ils me diraient ?
MATTHIEU STEFANI : Je pense que c'est sur la créativité, c'est clair que là-dessus… Et la créativité, ça peut avoir plusieurs choses, mais le problème solving, c'est-à-dire que quand les gens viennent avec certains problèmes, je suis toujours en train de me dire, bon, il y a des solutions, on va les trouver, etc.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu les trouves avec eux.
MATTHIEU STEFANI : J'espère qu’ils voient l'optimisme et je crois qu’en termes de loyauté, où je te disais que j'avais le sang vert pour Métro, je crois qu’avec CosaVostra, avec mes collaborateurs, avec la famille, tu vois, j'ai envie de dire, on peut tout me demander, je veux dire, je suis dédié à 100 % et voilà. Et après, aussi, dans le « skin in the game, » je veux dire, tu me verras le matin ranger le lave-vaisselle, nettoyer les trucs, faire les choses, je veux que ça soit bien propre. Je fais très attention…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Je vais inverser la question, parce que généralement on aime bien poser les deux questions. Et si je leur demandais qu'est-ce que vous aimeriez que Matthieu arrête de faire, ça serait quoi ?
MATTHIEU STEFANI : Est-ce qu'ils aimeraient, mais je ça je le ferai pas… Tu connais Ray Dalio probablement, peut-être non ? De près, de loin ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, un petit peu de loin.
MATTHIEU STEFANI : Il y a un livre qui me plaît beaucoup qu'il a écrit, et sur lequel il met en avant la transparence radicale, la Radical candorship et moi je dis les choses, j’essaye de le faire avec forme… La mode c'est la communication non violente, mais je dis les choses telles que je les ressens tout de suite. Donc, je n’essaye pas toujours de mettre des formes. Typiquement, il a pu y avoir des entretiens de recrutement où j'ai fait fuir des gens…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu leur as fait peur.
MATTHIEU STEFANI : Je leur ai fait peur. En leur disant, tu sais, si tu viens, ça va être comme ça, comme ça, comme ça, j'espère que tu es prêt, tu vois. Et des associés, collaborateurs, m'ont dit, non, mais en fait, elle ne va pas venir parce que tu lui as fait peur. On me l'a déjà dit plusieurs fois. Je pense que ça, ils aimeraient bien que j'arrête. Et moi j’ai du mal…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Et toi, tu ne veux pas arrêter ça ?
MATTHIEU STEFANI : Non, j’ai pas envie d’arrêter parce que je pense que je gagne des mois, en fait. Il y a un moment où je leur dis, regarde ce qui va se passer, et si c'est pas OK pour toi… Et eux, souvent ils me disent, non, mais c'était une star. Tu ne peux pas dire des choses comme ça, tu vois. Je dis, eh bien, si.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Il faut qu’elle connaisse les règles du jeu avant de rentrer.
MATTHIEU STEFANI : Oui.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Bon, on va avancer parce que le temps avance toujours très vite sur le leadership positif comme tu sais c'est un sujet qui me passionne, que j’essaye de pratiquer depuis une dizaine d'années qui est finalement une nouvelle conception du leadership, Matthieu, pour un impact positif auprès des autres et du monde. Alors il se nourrit de la psychologie positive, des neurosciences, de mindfulness, du bien-être en général des gens, et pour démarrer, un leader positif, c'est une personne qui d'abord doit prendre soin d'elle au plan physique, sur le plan de son sommeil, au plan cognitif, au plan mental. Alors, je sais que tu es un grand sportif, on parlait de tes parties de hockey notamment, mais j'aimerais que tu nous parles un peu de tes routines parce que je sais que tu en as un certain nombre chaque matin, journée, soir, pour, pas simplement physiquement, mais au plan mental, émotionnel, arriver à pas maîtriser, mais on sent que c'est foisonnant chez Matthieu, en permanence, mais surtout à générer et à manager ton énergie.
MATTHIEU STEFANI : J'ai pu coucher sur le papier sur ma newsletter récemment un concept que j'appelle mes règles automatiques et j'ai un certain nombre de règles automatiques qui peuvent être apparentées à une forme de discipline, mais qui me permettent de me libérer l'esprit sur plein de choses et aussi peut-être d'être plus heureux et plus épanoui et parmi lesquelles tu vas avoir, typiquement, je fais du sport tous les jours…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tous les jours. D'accord.
MATTHIEU STEFANI : Ça veut dire quoi faire du sport tous les jours ? Ça veut dire, à minima, je vais faire 10 minutes de pompes et d'abdos. C'est pas du sport comme je l'entends. En gros, moi, les sports que je pratique couramment sont des sports de triathlète donc course à pied, vélo, natation…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Même semi-marathon j’ai cru comprendre !
MATTHIEU STEFANI : Semi-marathon… Je suis engagé sur deux marathons sur 2024. Alors ça, ce sont d'autres règles, c'est que je m'engage sur des courses tous les ans à minima parce que je sais que ça me donne un objectif, donc il faut que je le fasse. Les sportifs, ils n’ont pas besoin de ça puisqu'ils font du sport déjà. En revanche, les sportifs, eux, ce qu’ils font, et j'en ai eu pas mal sur mon podcast, c'est prépa mentale, c'est en effet, yoga, méditation, etc.
Et en fait, ça, je me dis, mais il faut absolument faire ça. Tu as fait des coachings, toi ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui.
MATTHIEU STEFANI : Alors, j'ai eu des coachs. Je vais en refaire un bientôt parce que là, je me sens prêt, demandeur. Et en effet, j'ai appris à dormir, notamment parce que je dormais très peu.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ça, c’est important. Tu vois, moi, ça fait 3 ans, je suis l’un des premiers utilisateurs de la bague Oura Parce que j'ai méprisé mon sommeil pendant tant d'années. J'ai été aux quatre coins du monde, à voyager, mais j'ai un bon sommeil généralement et là, j'ai décidé tardivement… Je le dis à tous mes auditeurs, commencez très jeune à respecter votre sommeil, c'est tellement important.
MATTHIEU STEFANI : Et ouais, et derrière, tu es plus efficace. Je crois que tu es plus heureux.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Ça change totalement, totalement.
MATTHIEU STEFANI : Moi, tu vois, j’ai deux montres, j'ai ma Garmin… Et donc, du coup, l'idée, c'est de me dire, en fait… Tu vois, je sais que là, la nuit dernière, j'ai un score de 92, qui est exceptionnel pour Garmin, parce que ça arrive rarement de faire plus de 90.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Déjà Oura, ça serait énorme. 90, je peux le dire, 80 déjà…
MATTHIEU STEFANI : Aujourd'hui, je comprends que je monitore tout ça et ça a changé ma vie. Et donc, voilà, j'ai un trio qui est sommeil, nutrition…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Sommeil, nutrition aussi bien sûr…
MATTHIEU STEFANI : Et sport. Nutrition, je mange très peu de sucré, je mange très peu de sucre lent aussi, hein, c'est vraiment. Je fais attention aux protéines et à tout ça. J’essaye de me rapprocher… Tu as lu Sapiens ? Probablement, forcément.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui.
MATTHIEU STEFANI : De me rapprocher des régimes plus… Je ne suis pas non plus sur un régime drastique, mais voilà, et après voilà, tout un tas de règles. Je teste des choses, je me fais au moins un repas végan par semaine. Je déjeune tous les midis avec des personnalités business que je rencontre, mais je ne fais pas un déjeuner solo devant mon ordi. J'ai mes podcasts le mardi matin et le jeudi matin, etc. Tout est super réglé, ce qui fait que le reste du temps, je fais ce que je veux. C'est hyper épanouissant…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Tu as ta famille, tes enfants, je sais que tu as des jeunes enfants, et tout le reste…
MATTHIEU STEFANI : Je suis en train d'ajouter une dernière chose en ce moment, mais ça m'embête parce que j'envoie ma newsletter le dimanche matin, mais le dimanche, je crois que je vais repousser au maximum 14h-15 h le mode avion de mon téléphone. Je vais le pousser jusqu'au plus loin parce qu'en fait je l'ai fait là une ou deux fois d'affilé. Et en fait, ben ouais, je passe une journée pleinement en famille, je fais du sport, je fais des choses, en fait, j'ai plus de distraction. En fait, c'est tellement fou, ce que ça nous fait ces petits appareils.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, mais je te rejoins là-dessus et c'est bien
MATTHIEU STEFANI : Sinon il faudra peut-être le pousser jusqu'au dimanche entier.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : De reprendre la maîtrise là-dessus aussi. Alors, dans le modèle de la psychologie positive, j'ai eu le grand honneur d'avoir le Maître Fondateur qui s'appelle Martin Seligman. L'épisode sera bientôt posté, partagé. Je t'incite si tu as envie de creuser le sujet parce que c'est une personnalité incroyable. Il avait développé un modèle qui est toujours utilisé qui s'appelle PERMA. Alors je le dis rapidement PERMA. Tu en as peut-être entendu parler. P pour positivité tout simplement, émotion positive, E pour l'engagement. D'accord ? Donc, c'est l'engagement total que l'on a avec le soi, avec les autres. Ensuite R pour les relations, les relations qu'on crée avec les autres. M, alors c'est en anglais pour meaning, ou en français on dirait le S comme sens, peut-être et puis le A pour accomplissement. Et en fait, voilà, c'est un modèle extrêmement complet je trouve. Bon, un modèle sur lequel j’ai pas mal travaillé aussi pour comprendre finalement, améliorer le bien-être psychologique en se concentrant sur ces cinq domaines clés et c'est un moyen quelque part de mesurer le bonheur aussi ça paraît hypothétique, mais il y a pas mal de chercheurs dans le domaine psychologie et autres qui se sont penchés là-dessus à titre personnel voire même au titre de nation des fois. Donc, j'aimerais approfondir avec toi le 4e pilier de PERMA, M meaning, parce que moi je suis beaucoup dans le sens, dans le pourquoi on est là finalement et je le ressens avec des entrepreneurs de la communauté Live for Good, je le sens avec des gens que j'ai le plaisir de rencontrer parce que je l’ai choisi comme toi, donc c'est un vrai privilège. J'allais dire finalement pour toi ça veut dire quoi ? Quel est ce sens, quel est le pourquoi de Matthieu Stefani ?
MATTHIEU STEFANI : C'est intéressant parce qu’il a fallu que je marche ou que je cours pour le trouver, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens… Tu vois Simon Sinek qui va te dire il faut commencer par le pourquoi et je crois que je n’y arrivais pas complètement, j’avais besoin de tester plein de choses pour comprendre ce pourquoi et aujourd'hui, je me rends compte qu'en testant plein de choses et en les documentant publiquement, parce que je mets beaucoup de « skin in the game » dans mes podcasts… Tu vois, je te parlais de karma tout à l'heure, les deux grands drivers pour moi, c'est les quelques grands drivers, mais karma/confiance et « le skin in the game,» l'implication, sont vraiment des choses qui sont très importantes et en fait, pouvoir dire regarde, moi, je fais mes contenus, je vous propose quelque chose de très authentique, je suis le cobaye de ma propre vie. Est-ce que ça et dans quelle mesure on peut arriver avec cette envie dans une grosse boîte… Tu as géré combien de personnes au maximum toi ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : 35 000 donc une petite ville.
MATTHIEU STEFANI : Une grosse bourgade de province quand même. Est-ce que c'est possible d'avoir cet impact positif, d'emmener les gens, et comment ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Alors, je le pense profondément. Ça serait peut-être l’objet d’un podcast dédié à ça… Dans la mesure où tu connectes ton pourquoi finalement un petit peu ce que j'appelle d'ailleurs dans des épisodes de leadership positif qui a été créé par d'autres, la mission personnelle, c'est quoi ta mission.
MATTHIEU STEFANI : Ton pourquoi à toi, pas celui de ton entreprise.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : …De mon pourquoi à celui de l'entreprise ou l'organisation pour laquelle tu bosses et tu sais très bien comme moi parce que tu le vois dans le phénomène entrepreneurial, les entrepreneurs hommes ou femmes qui font des choses prodigieuses et moi, j'adore cette jeunesse, je les appelle les entrepreneurs, c’est-à-dire la nouvelle génération de leaders positifs qui entreprennent pour le bien commun, c'est comme ça que je les appelle notre communauté Live for Good. C'est des jeunes incroyables qui ont en eux une conviction très forte, une mission, pourquoi ils sont là, et qui la transcrivent et qui la vivent au quotidien dans l'entreprise. Et dans une grande boîte comme Microsoft, pour revenir maintenant, j'allais dire, à un univers totalement différent j'ai eu cette chance extraordinaire peut-être parce que j'ai démarré quand c'était une startup aussi alors j'ai peut-être gardé de l'ADN de startuper en moi, d’avoir eu toujours des managers et des gens incroyables qui ont été au-dessus de moi, parce que je n’ai jamais été le CEO de la boîte voilà… Je reporte au CEO et qui quelque part m'ont donné une autonomie pour réaliser la mission de l'entreprise avec des objectifs très concrets, etc., on est dans une entreprise clairement au plan économique, financier, mais d'avoir la capacité de m'exprimer moi-même et de me faire plaisir.
MATTHIEU STEFANI : Et d'avoir la capacité de trébucher ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Oui, bien sûr, j'ai fait des erreurs aussi évidemment, je me suis planté…
MATTHIEU STEFANI : Des belles erreurs, de bonnes grosses erreurs ?
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Des erreurs, oui, j'ai pu m'en relever, sinon je ne serais plus là, je pense, pour en parler, mais à nouveau ça serait peut-être un plus long épisode, mais voilà moi, j'ai réussi… Et d'ailleurs, c'était un bel épisode que j'ai eu dans le podcast avec Satya Nadella, le CEO pour nos auditeurs où il disait la chose la plus simple qui pour moi est tellement vraie, « N'attends pas ton prochain job, quel qu'il soit pour donner la meilleure version de toi-même. » Et c'est vraiment ça. Et moi, je pensais en t'écoutant depuis le début sur Métro, etc., tu as donné chaque fois le meilleur de toi-même dans ce que tu as choisi de faire et moi si je suis resté ce qui paraît être un dinosaure chez Microsoft, bientôt 40 ans le 2 mai prochain, c'est parce que c'est une plateforme de mon développement, de mon impact personnel qui était extraordinaire. Alors maintenant, j'ai la possibilité de le faire à l'extérieur aussi et j'adore, mais voilà maintenant on va conclure avec ta question. Que souhaites-tu dire… Donc voilà, tu t'adresses maintenant à tous les jeunes notamment qui écoutent ce podcast, il y en a pas mal aux quatre coins de la France et ailleurs francophone parce que j'ai une audience aussi globale dans plein de pays du monde, mais ça sera en français et qui souhaitent devenir entrepreneur de leur vie, je reprends les termes que j'utilise souvent… Que souhaites-tu leur dire sur la manière de de s'épanouir, de vraiment, de s'éclater dans cette recherche sans tomber non plus dans l'obsession de rechercher absolument la meilleure version de soi-même parce que je pense qu'il peut y avoir un danger de ça aussi, un certain nombre d'acteurs ou qui… C'est quoi ta formule de cet épanouissement ?
MATTHIEU STEFANI : Tu as totalement raison sur ce petit warning, c'est qu'il faut, je pense, être bienveillant avec soi-même quelque part, en revanche, si tu veux y aller, tu dois rentrer dans l'action et rentrer dans l'action, ça veut dire faire des choses, mais souvent c'est au quotidien, ça ne doit pas être toutes les semaines ou tous les mois, c'est vraiment au quotidien, pour rentrer dans cette action et idéalement avoir des deadlines. N'ai pas peur. En fait il n’y a pas, grand-chose…
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Quel est l’enjeu.
MATTHIEU STEFANI : Quoi ? Tu vas perdre ton job ? Tu vas devoir vendre ton appart ? Et alors, en vrai, est-ce que vraiment c'est parce que tu as un appart qui fait 110 m² dans le 16e que tu es plus heureux ou dans tel… Non.
Donc, choisis bien, va te faire coacher, mais surtout fais des choses.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Fais des choses, apprends en faisant.
J'ai vraiment senti en toi, ce leader positif que je recherche dans chacun de mes invités et en tout cas, un grand merci de nous accueillir dans tes super locaux et surtout inspirant et puis toi de continuer à t'écouter dans tes podcasts, parce que je pense que tu fais un travail incroyable pour des millions de personnes qui vont oser faire, oser faire. Un grand merci, Matthieu.
MATTHIEU STEFANI : Merci beaucoup.
JEAN-PHILIPPE COURTOIS : Merci.